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« Nous, élus des grandes villes et métropoles, appelons à un véritable plan national et européen contre le trafic de drogue »

En août, le quartier Pissevin, en périphérie de Nîmes, a été le théâtre de deux fusillades, entraînant la mort d’un enfant de 10 ans et d’un homme de 18 ans. D’autres grands centres urbains viennent aussi de connaître des violences dramatiques liées aux trafics. Au niveau national, plus de soixante-dix victimes liées au trafic de drogue ont déjà été recensées par le ministère de l’intérieur depuis début 2023.

Alors que se multiplient la consommation et le commerce des substances illicites et de leurs produits de synthèse, les élus locaux subissent l’évolution des marchés et font face à de nombreux défis. Il n’y a pas un mois au cours duquel l’actualité n’est pas rythmée par des faits divers sur fond de trafic de stupéfiants. Ce fléau n’est plus spécifique à certaines grandes villes.

Les territoires d’outre-mer deviennent des plates-formes d’acheminement des marchandises illicites. Les villes moyennes et les petites villes deviennent aussi le théâtre de trafics et de nuisances, voire de règlements de comptes. Si le trafic existait déjà, sa forme et le degré de violence observés sont nouveaux, notamment chez les mineurs.

Professionnalisation du crime

Le grand banditisme, la corruption et la criminalité organisée sont désormais banalisés. La circulation et l’utilisation d’armes lourdes, les guerres de territoires ou encore le blanchiment d’argent démontrent une réelle professionnalisation du crime. Les trafiquants viennent s’installer et conditionner leurs marchandises dans les villes réputées calmes.

Il est plus facile de s’implanter là où il n’y a pas encore de délinquance, pas de concurrence, moins de forces de police et de dispositifs de surveillance. Les trafiquants s’appuient sur l’usage des réseaux sociaux ainsi que des organisations de petits dealeurs mobiles, avec des rémunérations importantes et un turnover possible.

Les annonces du gouvernement et l’augmentation des budgets alloués à la sécurité intérieure et à la justice vont dans le bon sens. Pour autant, malgré des saisies régulières, jamais l’offre de drogue en Europe n’a été aussi importante qu’aujourd’hui. On ne parle plus seulement de cannabis : la cocaïne et l’héroïne sont importées en masse. C’est un véritable système qui sert une véritable économie.

Un travail complexe et minutieux

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) estime à 4,2 milliards d’euros le montant dépensé par les Français en 2020 pour s’approvisionner en cannabis, cocaïne, héroïne, crack et autres produits stupéfiants, soit deux fois plus qu’en 2009. Plus de trois mille points de deal sont identifiés, notamment dans les espaces urbains. Depuis de nombreux mois, nous alertons sur la lenteur des enquêtes, le manque de moyens et la gravité de la situation. Nos concitoyens, qui en sont les victimes, s’interrogent et nous interpellent.

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