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L’extrême droite « catholique » ne retient plus ses coups contre le pape François

Eric Zemmour, le président du parti Reconquête !, et la tête de liste du parti pour les élections européennes de 2024, Marion Maréchal, lors de l’université d’été de Reconquête !, à Gréoux-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), le 10 septembre 2023.

François n’est plus tout à fait leur pape – et ils n’ont plus peur de le dire tout haut. A quelques jours de la visite du pape à Marseille, les 22 et 23 septembre, et alors qu’un nouveau flux de migrants débarqué sur l’île italienne de Lampedusa relance les débats européens sur la crise migratoire, une partie de l’extrême droite française, qui n’a certes jamais apprécié le pape argentin, fait entendre une nouvelle musique en rupture avec le traditionnel légitimisme des catholiques à l’égard des souverains pontifes.

Ce n’est pas la présence annoncée à la messe pontificale du président de la République qui a contrarié les responsables de Reconquête !. Il n’y a pas là, à leurs yeux, sujet à polémique, comme pour la droite, dont cinquante-sept sénateurs Les Républicains (LR) ont déposé lundi 18 septembre une proposition de loi pour « consacrer les racines judéo-chrétiennes de la France » dans l’article premier de la Constitution. Cette initiative, à quelques jours de la venue du pape, a été impulsée par le sénateur LR Stéphane Le Rudulier (Bouches-du-Rhône), porte-parole de Bruno Retailleau, le président des sénateurs LR, lequel a parlé mardi matin sur France Inter de « submersion de migrants » à Lampedusa.

« Il en fait trop »

C’est la présence du pape François et son discours sur les migrants qui gênent la frange la plus radicale de l’extrême droite. Marion Maréchal, Eric Zemmour ou Stéphane Ravier ont même invoqué la Bible ou des auteurs chrétiens pour décocher leurs flèches. « Je suis en désaccord avec le pape François », a déclaré le 14 septembre sur BFM-TV la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, future tête de liste du parti Reconquête ! aux élections européennes, en remettant en question les qualités de « charité » du souverain pontife. « Je trouve qu’[il] n’a pas à faire de la politique, il en fait trop », a-t-elle ajouté, elle qui affiche sa foi catholique. « Le pape n’est infaillible que sur le dogme, et en l’occurrence il a son prisme de Sud-Américain qui ne connaît pas le type d’immigration que nous connaissons et qui manifestement ne mesure pas ce à quoi nous sommes confrontés. »

« Moi, j’ai appris du christianisme une très belle phrase de saint Augustin, c’est qu’on ne peut pas faire le bien jusqu’au mal », a renchéri dimanche Eric Zemmour sur BFM-TV – inventant au passage, selon plusieurs exégètes, une citation du philosophe et théologien romain. Jean-Marie Salamito, spécialiste de l’histoire du christianisme antique, a ainsi expliqué qu’il n’a pas réussi à retrouver cette prétendue formule « mise abusivement sous le nom de saint Augustin », « ni en français, ni en latin », ni même d’ailleurs une idée approchante : « L’idée que l’on puisse faire du bien et aboutir à du mal ne me semble ni augustinienne ni chrétienne », a détaillé à La Croix ce membre associé de l’Institut d’études augustiniennes.

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