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Comment la Chine s’est imposée comme un géant de la voiture électrique

Voitures destinées à l’exportation dans le port de Yantai (Chine), le 3 mai 2023.

La réponse de Pékin ne s’est pas fait attendre. Au lendemain de l’annonce d’une enquête sur les subventions publiques chinoises aux véhicules électriques, les « wattures », par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la Chine s’est insurgée.

« Il s’agit d’un acte protectionniste flagrant qui perturbera et faussera sérieusement l’industrie automobile et la chaîne d’approvisionnement au niveau mondial, y compris dans l’Union européenne [UE], et qui aura un impact négatif sur les relations économiques et commerciales entre la Chine et l’UE », a déclaré le ministère du commerce chinois, le 14 septembre.

L’enquête annoncée par Bruxelles répond à l’extraordinaire montée en puissance de la Chine dans l’automobile. Quelques chiffres suffisent à en témoigner. En 2021, le pays importait deux fois plus de véhicules qu’il n’en exportait, en valeur. Au premier semestre 2023, l’industrie chinoise a dépassé le Japon pour s’imposer à la première place mondiale, en exportant pour 35 milliards de dollars (32,76 milliards d’euros) de véhicules, contre 21 milliards de dollars d’imports. Quant aux subventions aux voitures électriques, le cabinet AlixPartners les évalue à 57 milliards de dollars sous forme de réductions de taxes ou d’aides à l’achat de véhicules.

Champions locaux

Maniant alternativement la carotte et le bâton, la Chine a, dès 2009, poussé l’investissement dans le secteur. A l’époque où la technologie n’est pas prête à conquérir le grand public, les autorités locales ont été incitées à équiper leurs flottes de taxis et de bus en véhicules électriques, grâce à des subventions de l’Etat central allant jusqu’à 60 000 yuans (7 700 euros) par voiture et 100 000 yuans par bus. BYD, désormais numéro un chinois du secteur, sera le grand gagnant de cette stratégie.

Plus tard, la Chine soutiendra le secteur des batteries en imposant en 2015 aux constructeurs de s’équiper de batteries chinoises pour bénéficier des aides à l’achat. De quoi promouvoir les champions locaux, comme BYD et surtout CATL, qui a détrôné le coréen Panasonic en 2020 pour devenir numéro mondial du secteur. Toujours pour pousser à choisir une voiture électrique plutôt qu’un véhicule thermique, certaines villes ont mis en place un autre dispositif très incitatif.

En 2016, Shanghaï a offert un privilège aux véhicules électriques en mettant en place des plaques d’immatriculations vertes, qui échappent au système d’enchères en vigueur pour les plaques des véhicules thermiques. L’année suivante, d’autres métropoles ont suivi cet exemple. « D’après nos recherches dans les villes qui ont pris ces mesures, les ventes de véhicules électriques ont été multipliées par trois à cinq par rapport au reste de la Chine », indique Stephen Dyer, spécialiste de l’automobile et directeur du cabinet de conseil AlixPartners.

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