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Planification écologique : « Un bilan en demi-teinte » pour les chefs de parti

Après plusieurs mois d’atermoiements, Elisabeth Borne a présenté aux chefs de parti, lundi 18 septembre, sa feuille de route sur la planification écologique. A l’issue de la réunion qu’elle a qualifiée d’« oral de rattrapage » après la rencontre de Saint-Denis à la fin d’août où l’écologie avait été peu abordée, la secrétaire nationale d’Europe écologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, a salué « un constat très complet, très lucide et assez inédit ».

Mais « les réunions ne servent à rien s’il n’y a pas d’action », a-t-elle ajouté, en réclamant un impôt sur les grandes fortunes « climatique » et une « loi de programmation des finances publiques » sur l’écologie.

« Une guerre contre le climat, ça suppose une économie de guerre, et on en est très, très loin », a abondé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, était, lui, arrivé « sans illusion », désireux surtout de « faire baisser la facture » d’électricité et de gaz.

De multiples sujets de crispation

Sujet de crispation, la question de l’articulation entre écologie et pouvoir d’achat s’est invitée dans la réunion au moment où les prix de l’énergie et du carburant augmentent fortement. Dimanche, les oppositions ont critiqué l’annonce de Mme Borne d’autoriser la vente à perte de carburant pour « baisser davantage les prix ».

Pour la droite, Eric Ciotti a tiré un « bilan en demi-teinte » de cette planification, sans « perspective très claire sur les moyens d’y parvenir et de [la] financer ». Il réclame une conférence « sur les prix de l’énergie » et une baisse des taxes sur le gaz et l’électricité plutôt qu’une vente à perte, « un placebo sur une jambe de bois (sic) » à ses yeux.

Les petites stations-service ne « pourront pas se permettre » une vente à perte, a estimé Mme Tondelier, qui préférerait « taxer les superprofits » de TotalEnergies ou donner des chèques carburant « à ceux qui en ont le plus besoin ».

Au nom du Rassemblement national, la députée européenne Mathilde Androuët a réclamé « une vraie rupture » avec « le libre-échange » qui « encourage la pollution » et a déploré une « absence totale de souci du peuple », pour qui l’environnement est devenu « une contrainte ».

Seul responsable de la majorité à s’exprimer, le président du MoDem, François Bayrou, a jugé « intéressante » la réunion, même s’il y a, « bien sûr, (…) des gens qui trouvent qu’on ne va pas assez loin ».

Un rendez-vous sans La France insoumise

Fixé de 10 h 30 à midi, le rendez-vous organisé à huis clos s’était tenu sans La France insoumise (LFI), qui a décidé de boycotter le rendez-vous, comme l’a fait savoir en amont son coordinateur, Manuel Bompard.

« Nous ne souhaitons pas participer à une nouvelle opération de communication sans effet », trois semaines après les rencontres de Saint-Denis avec le chef de l’Etat, a-t-il fait valoir dans un communiqué diffusé lundi matin, critiquant « ces initiatives de contournement de la démocratie parlementaire ».

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« Alors que les défis pour notre planète sont immenses, cette décision est incohérente et irresponsable », a réagi Elisabeth Borne lundi dans un tweet publié à la mi-journée, après la tenue des échanges.

Selon Matignon, cette réunion visait à permettre à l’exécutif et aux différentes forces politiques de débattre des solutions pour mettre en place une transition écologique « juste » et non « punitive ».

En juillet, le gouvernement avait reporté la présentation de son plan en raison des émeutes urbaines ayant suivi la mort de Nahel M., puis du remaniement qui a eu lieu dans la foulée.

Il promet aujourd’hui un plan « très concret » et « très opérationnel » afin « d’être au rendez-vous européen » de la baisse de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre en 2030 par rapport à 1990, et de se « projeter vers la neutralité carbone en 2050 », bien que le flou règne encore.

Des annonces réservées à Emmanuel Macron

Quoi qu’il ressorte de ces échanges, l’annonce des principales mesures pour la planification écologique est réservée à une prise de parole d’Emmanuel Macron.

Selon les informations du Monde, c’est lundi 25 septembre que le président de la République doit dévoiler les grands axes de la planification écologique, lors d’un discours tenu à l’issue d’une journée de travail où il doit convier les forces politiques, les syndicats et des associations. Plusieurs déplacements du chef de l’Etat consacrés à ce sujet auront ensuite lieu avant la fin de l’année.

Ce que l’on sait pour l’instant, c’est que le gouvernement pourrait, entre autres mesures, financer une hausse du bonus écologique pour l’achat de véhicules électriques associée à un malus étendu lors de l’acquisition des voitures les plus polluantes. En « stock » (neufs et anciens), la part de voitures électriques dans le parc français doit passer de 1 % aujourd’hui à 15 % en 2030, estime Matignon.

Sur France Inter, le ministre chargé de l’industrie, Roland Lescure, a annoncé que cinquante contrats allaient être signés, dans lesquels le gouvernement « s’engage à appuyer les industriels dans leur transition et eux s’engagent à la faire ». Pour lui, « la planification lance la mobilisation générale. Il n’y a pas un acteur qui peut faire cela tout seul, il faut que tout le monde fasse sa part du boulot ».

« On va renforcer les obligations, doubler les amendes et exclure des marchés publics les entreprises qui ne le feront pas », a affirmé M. Lescure, concernant la mesure des bilans carbone des industriels.

L’exécutif promet aussi des réponses sur le financement des RER métropolitains dans une dizaine de villes de France, objet d’une proposition de loi en cours d’examen au Parlement.

Lors de la présentation du budget de l’Etat pour l’année prochaine, prévue le 27 septembre en conseil des ministres, l’exécutif devrait également expliquer comment il entend répartir les 7 milliards d’euros supplémentaires promis par la première ministre en juillet pour accélérer la transition.

Des mesures sont également attendues dans le secteur du logement, pour des rénovations énergétiques plus « performantes », a laissé entendre le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, dimanche.

Par ailleurs, d’ici à 2030, le gouvernement souhaite parvenir « à supprimer 75 % des chaudières au fioul » et « baisser d’environ 20 % [le nombre d]es chaudières au gaz (hors pompes à chaleur hybrides) », selon un document transmis à la presse. Industrie et agriculture seront également au menu.

Le Monde avec AFP


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