Close

Langues régionales : tensions au Parlement espagnol au sujet de l’utilisation du catalan, du basque et du galicien

Les députés espagnols écoutent la traduction en castillan d’une intervention en langue régionale, à Madrid, le 19 septembre.

Pour la première fois, le catalan, le basque et le galicien ont été utilisés, mardi 19 septembre au Parlement espagnol. L’événement a immédiatement provoqué des tensions, l’extrême droite dénonçant une nouvelle concession du gouvernement Sanchez aux indépendantistes catalans.

En signe de protestation, les députés de la formation ultranationaliste Vox ont quitté l’hémicycle durant l’intervention en galicien d’un député du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de Pedro Sanchez et rendu les écouteurs leur permettant de suivre la traduction simultanée en castillan (l’espagnol).

« Nous ne voulons pas être complices de cette rupture de notre coexistence », a déclaré, dans les couloirs du Parlement, Maria José Millan, présidente du groupe parlementaire Vox, formation farouchement anti-indépendantiste. « Nous n’utiliserons pas des traducteurs pour communiquer avec des gens [des villes espagnoles] de Salamanque, Barcelone ou Vigo », a-t-elle ajouté dans un message publié sur X (anciennement Twitter).

Principale formation de droite, le Parti Populaire (PP) a, lui, exigé dès le début de la séance que ces langues ne soient être utilisés avant que le changement de règlement du Parlement soit formellement approuvé jeudi.

Statut de langue coofficielle

Les députés du parti d’extrême droite Vox ont déposé les écouteurs diffusant la traduction simultanée en castillan des interventions en langues régionales, au Parlement espagnol, à Madrid, le 19 septembre 2023. Symboliquement, ils ont déposés les appareils sur le bureau du premier ministre, Pedro Sanchez, absent durant la séance.

L’utilisation en séance plénière au sein du Parlement espagnol du catalan, du basque et du galicien est une revendication de longue date des partis nationalistes de ces régions. Mais elle a été obtenue à la mi-août par le parti indépendantiste catalan de Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (« Ensemble pour la Catalogne »), en échange de son soutien crucial à l’élection à la présidence du Parlement espagnol de la socialiste Francina Armengol.

Catalan, basque et galicien ont un statut de langue coofficielle en Espagne, où le castillan est en revanche la seule langue officielle dans l’ensemble du pays. Cela signifie qu’elles sont, aux côtés du castillan, langue officielle en Catalogne (nord-est), au Pays basque (nord) et en Galice (nord-ouest), enseignées à l’école et utilisées dans l’administration et au sein du Parlement régional.

« C’est un jour historique (…) enfin, les droits des personnes parlant catalan vont être respectés ici », a salué en catalan Miriam Nogueras, présidente du groupe parlementaire de la formation catalane.

Le parti de l’ancien président régional catalan, M. Puigdemont (qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires), a également exigé du gouvernement qu’il demande la reconnaissance du catalan, du basque et du galicien comme langues officielles de l’Union européenne.

Absence de majorité claire

Cette demande a été débattue mardi par les ministres européens des affaires européennes, qui ont soulevé des objections et réclamé plus de temps pour se prononcer.

Le Monde Application

La Matinale du Monde

Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer

Télécharger l’application

Les voix des députés du parti de M. Puigdemont seront indispensables à M. Sanchez s’il veut être reconduit au pouvoir dans les prochaines semaines. M. Puigdemont a notamment demandé en échange l’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice pour la tentative de sécession de 2017.

Les élections législatives du 23 juillet n’ont pas permis de dégager de majorité claire.

Arrivé en tête, lors des élections législatives du 23 juillet, le leader du Partido Popular (PP), Alberto Nuñez Feijoo, a été chargé par le roi, Felipe VI, de présenter sa candidature au poste de premier ministre la semaine prochaine devant le Parlement. Mais il n’a a priori aucune chance d’y parvenir, en l’absence de majorité claire.

M. Sanchez, arrivé deuxième du scrutin mais davantage en mesure de rassembler une majorité grâce à l’appui des partis régionalistes, aura ensuite deux mois pour présenter à son tour sa candidature. S’il ne parvient pas à être investi par le Parlement, de nouvelles élections devront être convoquées.

Le Monde avec AFP


source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top