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« Emmanuel Macron, en considérant cette vieille revendication d’extrême droite d’un référendum sur l’immigration, joue avec le feu »

Le référendum sur l’immigration n’aura pas lieu. Cela n’empêche nullement Emmanuel Macron de feindre de prendre au sérieux cette promesse phare de l’extrême droite. Tout en assurant que le projet de loi sur le même sujet, en souffrance depuis plus d’un an, sera débattu à l’automne, le président de la République, dans sa lettre adressée aux chefs de partis politiques après les « rencontres de Saint-Denis », affirme que « la question de l’immigration (…) sera traitée (…) à travers la question du référendum et des changements de Constitution éventuels (…) ». Des revendications portées par les chefs de file Les Républicains (LR) et Rassemblement national (RN), auxquels M. Macron « propose de faire une proposition (…) dans les semaines qui viennent ».

L’ouverture apparente du chef de l’Etat à une modification de la Constitution pour permettre un référendum sur l’immigration a été peu relevée. Une telle perspective serait « prompte à attiser les tensions », a noté Marine Tondelier, la cheffe des Verts, tandis que François Bayrou a mis en garde contre « les questions qui déchaînent les passions ».

Au premier abord, l’affaire relève de la pure tactique politique. Alors qu’il cherche à négocier un compromis avec la droite sur son projet de loi embourbé sur l’immigration, le président de la République fait mine de s’intéresser à sa revendication d’un référendum pour, finalement, la piéger en démontrant son impossibilité. L’immigration, sujet exclu du champ de l’article 11 de la Constitution sur les référendums, ne pourrait y être introduit que par une révision de la Loi fondamentale. Mission quasi impossible, puisque le projet de révision devrait être voté en des termes identiques par le Sénat, dominé par la droite, et l’Assemblée nationale, où l’exécutif ne dispose pas de majorité. Une telle révision n’est donc pas plus réalisable que celles qui visent à inscrire dans la Constitution la protection du climat ou le droit à l’interruption volontaire de grossesse, promises en vain par le chef de l’Etat.

M. Macron n’est pas, loin de là, le premier président de la République à attiser les querelles sur l’immigration pour diviser ses adversaires. François Mitterrand n’a cessé d’agiter le chiffon rouge du vote des étrangers aux élections locales pour exciter le Front national et affaiblir la droite. Nicolas Sarkozy est passé en quelques mois de l’« immigration choisie » à l’« identité nationale » à l’approche de la présidentielle de 2012. D’ailleurs, aurait-on voté vingt-neuf lois sur l’immigration depuis 1980 si le sujet n’était pas propice aux postures et aux instrumentalisations politiques ? Quant au référendum, il a été brandi pour sortir d’impasses politiques tout au long de la VRépublique.

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