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Contrer l’inflation sans creuser le déficit, l’impossible équation de Bercy

Le ministre de l’économie Bruno Le Maire sur la scène des Rencontres des entrepreneurs de France, à l’hippodrome de Longchamp, à Paris, le 29 août 2023.

Un projet de loi pouvoir d’achat voté juste avant la trêve estivale, 45 milliards d’euros de bouclier tarifaire présentés en grande pompe pour lutter contre l’envolée des factures de gaz et d’électricité : la rentrée 2022 était placée sous le signe de la lutte contre l’inflation. Rien de tel cet automne. Pris au piège de ses promesses de désendettement, à une semaine de la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2024, le 27 septembre, et de l’examen, le même jour, de la loi de programmation des finances publiques, qui dessine pour Bruxelles la trajectoire de réduction de la dépense jusqu’en 2027, le gouvernement se veut nettement moins dispendieux à la rentrée 2023.

Si l’inflation décélère dans les rayonnages des supermarchés, les prix alimentaires restent en effet élevés (+ 11 % sur un an), tandis que le carburant a recommencé à grimper pendant l’été, frôlant désormais les 2 euros par litre. Un sujet radioactif, impossible à ignorer pour les pouvoirs publics, dont l’objectif est en principe de mettre un terme à la politique des chèques après trois ans de « quoi qu’il en coûte ».

« Chacun doit prendre sa part », répète-t-on à l’envi à tous les étages de Bercy. « L’Etat ne peut pas porter à lui seul le coût de l’inflation », a encore martelé Bruno Le Maire, lundi 18 septembre, dans l’émission « Les 4 Vérités » sur France 2. Et de balayer l’accusation selon laquelle l’exécutif se défausserait de ses responsabilités : « L’Etat paie encore 10 milliards d’euros pour régler une partie de la facture d’électricité des ménages. Il a protégé à hauteur de 90 milliards avec le bouclier sur le gaz et l’électricité. »

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« Les chèques, c’est terminé »

Fin août, déjà, Bruno Le Maire s’attelait à la hausse du prix des fournitures scolaires, et promettait « un nouveau point sur la lutte contre la vie chère » avec la ministre déléguée aux petites et moyennes entreprises (PME), Olivia Grégoire. Une semaine plus tard, le 31 août, l’ex-Les Républicains (LR) annonçait le gel des prix de 5 000 références en magasin, et la convocation anticipée de nouvelles négociations entre industriels et enseignes de la grande distribution. Le 7 septembre, il ciblait cette fois TotalEnergies, appelant de ses vœux à prolonger au-delà du 31 décembre la ristourne concédée par le pétrolier – ses carburants sont pour l’heure plafonnés à 1,99 euro le litre. Demande acceptée par le PDG du groupe, Patrick Pouyanné, quelques jours plus tard.

Plus que jamais, le gouvernement se sait surveillé de près. « Contrairement au chômage, pour lequel les Français sont tributaires des chiffres du débat public, sur l’inflation, ils connaissent précisément le prix des carburants ou, pour les plus précaires, les prix alimentaires au kilo », décrypte Emmanuel Rivière, directeur associé de l’agence Grand public, spécialiste de l’opinion. Pas question pour autant de rehausser le chèque énergie, de rétablir une ristourne gouvernementale, de baisser la TVA comme le demandent les oppositions, ou même de réitérer l’indemnité carburant, cette aide de 100 euros accordée sur demande aux ménages les plus modestes en début d’année.

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