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Services publics : un collectif alerte sur un secteur de plus en plus en décalage avec les besoins des usagers

Dans les locaux d’un comité de vigilance pour le maintien des services publics de proximité, à Lure (Haute-Saône), le 7 septembre 2023.

Des services d’urgence fermés certains soirs, des enseignants qui manquent à l’appel, des magistrats qui alertent sur leurs conditions de travail… Comment expliquer que les services publics « craquent » alors que la dépense publique augmente ? Ce paradoxe fait l’objet de nombreux débats, qui ont souvent pour point commun de se concentrer sur la question des moyens : les services publics coûteraient « trop cher » ou seraient à l’inverse « sous-financés », il y aurait « trop » ou au contraire « pas assez » d’agents publics.

Or, « débattre de l’évolution des services publics n’a de sens qu’au regard des évolutions sociales auxquelles ils répondent », écrit le collectif transpartisan Nos services publics dans son « Rapport sur l’état des services publics », diffusé le 14 septembre. Ce texte de 160 pages, organisé autour de cinq thématiques (santé, école, transports, justice et sécurité, financement des services publics), propose de changer de prisme et de comparer l’évolution des besoins avec l’investissement dans les services publics.

« A l’arrivée, dans tous les domaines, on retrouve une courbe des besoins qui augmente et une courbe des dépenses qui progresse beaucoup moins vite », résume Arnaud Bontemps, magistrat financier, un des porte-parole du collectif. Il s’agit du premier rapport de synthèse réalisé autour de ce collectif plutôt marqué à gauche, fondé en 2021, avec la contribution d’une centaine de chercheurs, de hauts fonctionnaires et d’agents publics. Si les constats ne surprendront pas les spécialistes de chaque secteur, la démarche a le mérite de poser de manière transversale la question de l’adaptation des services publics aux évolutions sociales.

Pour ce faire, le collectif a cumulé des indicateurs de nature très variables : les dynamiques démographiques (comme le vieillissement de la population ou la hausse de l’accès aux études supérieures), les progrès sociaux (dont la lutte contre les violences faites aux femmes) et les transformations des modes de vie. Ces paramètres « modifient les attentes de la population et le niveau de référence de prise en charge de ces attentes », expliquent les rapporteurs. Ils permettent de constater une attrition de la dépense publique en regard des besoins, alors même qu’elle a augmenté de manière quasi continue depuis quarante ans – elle représentait moins de 50 % du produit intérieur brut (PIB) au début des années 1980 et 58 % en 2022 – et que le nombre d’agents publics est passé de 4,8 millions à 5,4 millions en vingt ans.

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