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Séisme au Maroc : l’ONG française Télécoms sans frontières se mobilise pour connecter les régions sinistrées

A Marrakech, le 10 septembre 2023.

Ce sont ni des pompiers ni des secouristes. Ils n’ont ni chien ni matériel de recherche. Ils sont pourtant tout aussi importants lors de telles catastrophes naturelles. Dans la soirée du samedi 9 septembre, quarante-huit heures à peine après le séisme qui a frappé le Maroc, faisant plus de 2 900 morts, une équipe de quatre bénévoles de l’ONG française Télécoms sans frontières (TSF) débarquait dans le royaume chérifien. Dans leurs valises, des outils de communications satellitaires, les seuls en mesure d’établir des connexions dans les zones sinistrées, souvent coupées du monde en raison des dégâts provoqués par le tremblement de terre sur les réseaux télécoms.

L’équipe de TSF s’est installée auprès de la cellule de crise située à Talat N’Yaaqoub, dans la province d’Al Haouz, épicentre du tremblement de terre. Elle a commencé à déployer son matériel, mercredi 13 septembre, grâce à l’appui d’organisations locales, en attendant d’obtenir toutes les autorisations nécessaires pour ouvrir ses services. Le Maroc n’a pas officiellement sollicité l’aide française, ce qui a suscité un début de polémique. « C’est évidemment à Sa Majesté le roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale, et donc nous sommes à disposition de leur choix souverain », a déclaré Emmanuel Macron, mardi 12 septembre, dans une vidéo à l’adresse du peuple marocain postée sur le réseau X (ex-Twitter), pour tenter d’apaiser le débat.

« Il y a quelques années, les télécoms n’étaient pas considérées comme une urgence humanitaire. Ils le sont aujourd’hui », explique Monique Lanne-Petit, cofondatrice de TSF avec Jean-François Cazenave, restée en France, au siège de l’ONG à Pau, pour diriger à distance la mission marocaine. Depuis sa création en 1998, TSF s’est mobilisée sur plus de 140 crises dans plus de 70 pays, et pas seulement à la suite de catastrophes naturelles. Elle intervient aussi lors de conflits armés, comme en Syrie ou en Libye, ou dans des zones de forte migration, notamment en Amérique du Sud, à chaque fois pour apporter des moyens de communication aux secouristes et aux populations.

« Nous ne sommes pas un concurrent »

C’est sur le terrain qu’est née l’idée de créer TSF, au milieu des années 1990, lorsque le téléphone mobile était encore réservé à une élite. Engagés dans deux associations qui n’existent plus aujourd’hui, Solidarité pyrénéenne et S.O.S. Action humanitaire, Mme Lanne-Petit et M. Cazenave étaient régulièrement sollicités par des personnes sinistrées pour qu’ils appellent leurs proches, une fois rentrés en France, afin de les rassurer sur leur santé. Apporter une ligne satellitaire, parfois au milieu des décombres, devenait ainsi une évidence humanitaire. TSF fonctionne avec un budget de 2 millions à 3 millions d’euros par an, avec le soutien des opérateurs satellitaires Eutelsat et Inmarsat ou du fonds de dotation Thales Solidarity.

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Des industriels des télécoms, comme l’opérateur britannique Vodafone ou l’équipementier suédois Ericsson, offrent des services d’aide aux populations sinistrées. Mais TSF est la seule ONG internationale à agir dans ce domaine. « Nous faisons le tampon, le temps que les opérateurs rétablissent le réseau. Nous ne sommes pas un concurrent », précise Mme Lanne-Petit.

Sur certains terrains, la mission ne s’arrête pas après le rétablissement des lignes téléphoniques. Avec le développement d’Internet et des réseaux sociaux, TSF a élargi sa zone d’action. En s’appuyant sur des associations ou des organisations locales, elle dispense des cours d’éducation numérique pour les enfants, crée des centres télécoms communautaires pour donner un accès Internet aux populations ou forme les ONG à adapter leurs outils de communication.

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