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Changement climatique : « Nous ne réussirons pas la transition écologique avec les logiques du siècle dernier »

Malgré un effort sans précédent, depuis 2017, pour rendre opérationnelle la transition écologique, nous ne sommes pas encore sur la bonne trajectoire climatique. Les scénarios ne bouclent pas en conservant les logiques actuelles, si bien que de plus en plus d’experts doutent de l’atteinte des objectifs de 2030 sans une profonde rupture de méthode.

Pourtant, l’enjeu est immense. En moins de trente ans, nous devons décarboner de fond en comble un système totalement dépendant du pétrole et des énergies fossiles. En une génération, il faudra donc revoir l’ensemble des activités économiques et de nos interactions sociales, non seulement à l’aune des limites planétaires, mais également au regard de leur capacité à s’adapter à des conditions climatiques auxquelles elles n’ont encore jamais été confrontées depuis l’émergence de celles-ci.

Pour ne pas se voir dépassée par les événements, la puissance publique doit se réinventer. Et au moment où les débats budgétaires se préparent, s’il y a un domaine où presque tout reste à faire, c’est bien celui des finances publiques.

Le premier constat est simple : la transition ne se réalisera pas toute seule si nous n’y mettons pas collectivement les moyens – et au bon niveau. Le rapport Pisany-Ferry – Mahfouz chiffre les besoins nets à 66 milliards d’euros par an d’ici à 2030, pour moitié portés par la puissance publique. Néanmoins, ce sont au total plus de 100 milliards d’euros qui vont devoir être fléchés sur les seuls investissements verts. Et il s’agit d’une borne basse, limitée au climat, sur un périmètre incomplet, et dans un monde parfait. Vont s’y ajouter notamment le coût des crises et des catastrophes climatiques, celui des capitaux échoués, des licenciements et des reconversions, des investissements inefficaces ou inadaptés, sans compter les tensions sur les matières premières provoquées par ce grand verdissement.

Equité et justice dans l’effort

Ensuite, la question est de savoir qui supportera le poids de cet effort, qu’il soit financier ou comportemental. Or, l’argent magique n’existe pas, mais la décarbonation magique non plus : ce que la puissance publique ne financera pas, d’autres le subiront – avec en principaux perdants les classes moyennes et populaires. Il y a là un réel danger pour les finances publiques : s’il n’y a pas une perception d’équité et de justice dans l’effort, le consentement à l’action, mais aussi à l’impôt, pourrait s’en trouver rapidement menacé.

Au-delà du financement, c’est le fonctionnement même des finances publiques qui doit être réinterrogé. A trop réfléchir à court terme, l’optimisation budgétaire devient le principal ennemi des finances publiques.

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