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L’OMC s’inquiète d’une fragmentation de l’économie mondiale

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce, le 15 juillet 2020, à Genève (Suisse).

Une nouvelle mondialisation est en train de voir le jour. Dans son rapport annuel publié le 12 septembre, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) constate que les échanges de marchandises ne diminuent pas mais progressent à l’intérieur de blocs géopolitiques rivaux. Autrement dit, la mondialisation ne perd pas de terrain, mais devient de plus en plus cloisonnée.

L’OMC a ainsi calculé que les échanges entre les deux principaux blocs géopolitiques – définis à partir de la proximité de leurs votes à l’assemblée des Nations unies – avaient progressé entre 4 et 6 % plus lentement qu’à l’intérieur de ces blocs. « Les premiers signes d’une recomposition du commerce sur la base d’affinités géopolitiques sont apparus, avec des relocalisations qui se font de plus en plus dans des pays amis », note l’OMC dans son rapport.

Dans un monde traversé par les divisions géopolitiques, les interdépendances commerciales sont devenues des sources de vulnérabilité. Les tensions entre les Etats-Unis et la Chine ont débouché sur une guerre commerciale, avec une hausse des tarifs douaniers à partir de 2018. Même si les échanges entre les deux pays ont atteint un niveau record de 690 milliards de dollars en 2022, la part de la Chine dans les importations américaines est tombée de 22 % à 17 % entre 2017 et 2022.

Mesures de rétorsion

Ailleurs, les mesures de rétorsion, comme une hausse des droits des douanes ou l’instauration de nouvelles normes techniques, se sont multipliées au cours des dernières années passant de 3, en 2005 ou 2006, au chiffre niveau jamais atteint de 41 en 2021, sous l’effet des récentes crises. La pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont conduit certains pays à interdire leurs exportations de médicaments ou de produits agricoles par crainte de pénuries.

Est-ce le début de la démondialisation ? L’OMC reste prudente et relève que la part du commerce dans le PIB mondial stagne depuis une quinzaine d’années, après avoir grimpé de 25 % à 61 % entre 1970 et 2007. En raison non pas d’un arrêt de la libéralisation des échanges mais plutôt du redéploiement des chaînes de valeur à travers le monde qui a atteint ses limites, et d’une recomposition de l’économie mondiale. La part de l’industrie dans le PIB mondial diminue au détriment des services, qui sont moins délocalisables.

L’OMC met toutefois en garde contre une fragmentation de l’économie mondiale qui rendrait « les défis environnementaux plus difficiles à atteindre ». Selon les économistes de l’institution, l’ouverture des frontières facilite la circulation des technologies vertes et les économies d’échelle contribuent à la baisse de leurs coûts, donc à leur adoption.

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