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En Allemagne, la crise de la construction atteint un niveau inédit

Le chantier de construction d’Überseequartier, dans la Hafencity de Hambourg,  en Allemagne, le 4 septembre 2023.

Yannick Kollmann a pour l’instant résisté à la tempête qui s’est abattue sur la construction immobilière en Allemagne. L’entrepreneur, qui dirige Berliner Jungens Development, une petite société berlinoise spécialisée dans la construction de logements à structure en bois, s’adapte comme il peut à une conjoncture devenue franchement hostile. « Il y a des projets que nous avons tout simplement mis en jachère en attendant que les conditions de financement s’améliorent. Pour l’instant, à part sur le segment du luxe, aucun projet de construction n’est rentable », raconte-t-il. Plutôt que de construire, il s’est donc rabattu sur des projets de rénovation, moins coûteux en capital, en attendant que la situation s’améliore.

La hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne a mis fin à quinze ans d’insolente croissance de la construction immobilière en Allemagne. Au renchérissement du crédit s’est ajoutée une explosion des coûts de construction. L’inflation, qui a fait fondre le pouvoir d’achat des ménages, a fait le reste : la demande de logements neufs s’est effondrée. En mai, le nombre de permis de construire accordés a chuté de 25,9 % sur un an. Et de plus en plus de contrats de construction conclus avant la guerre en Ukraine, avec des prix négociés bien inférieurs, ne peuvent plus être honorés.

Mardi 12 septembre, l’institut économique IFO a confirmé cette dégradation inédite : selon un sondage mené auprès des entreprises du secteur, 20,7 % des patrons indiquaient avoir subi des annulations de projets, contre 18,9 % le mois précédent. « La crise dans la construction de logements continue de s’aggraver. Les annulations ont atteint un nouveau record. Depuis le début des sondages, en 1991, nous n’avons jamais observé quoi que ce soit de semblable », s’alarme Klaus Wohlrabe, directeur des études à l’IFO. Selon les données de l’institut, 11,9 % des entreprises dans la construction de logements signalaient des difficultés de financement. « C’est le niveau le plus haut depuis plus de trente ans », poursuit l’expert.

Une immigration historiquement élevée

En panne de liquidités, mais aussi de nouveaux projets, les promoteurs immobiliers se trouvent en grande difficulté. Depuis plusieurs mois, les faillites se multiplient, touchant même depuis quelques semaines des entreprises très établies. En août, quatre grands groupes (Gerchgroup et Development Partner, à Düsseldorf, Project Immobilien Gruppe à Nuremberg et Euroboden, à Munich) se sont tour à tour déclarés en cessation de paiements. Chacun d’eux gérait des projets à plusieurs milliards d’euros dans différentes régions d’Allemagne, désormais menacés.

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