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Botulisme : quatre questions pour comprendre l’affection neurologique ayant touché une douzaine de personnes

Vue microscopique de la bactérie Clostridium botulinum, responsable du botulisme.

A Bordeaux, Barcelone et en Ile-de-France, au moins douze cas d’affection au botulisme ont été détectés ces derniers jours. Une personne âgée de 32 ans est morte, mardi 12 septembre, en région parisienne, des suites de la maladie. Dans la ville de Gironde, huit personnes ont été placées en réanimation ou en unité de surveillance continue. Dans la capitale catalane le malade a été pris en charge par les services médicaux.

Toutes les personnes infectées ont consommé des sardines en conserve de fabrication artisanale et servies dans un restaurant bordelais, le Tchin Tchin Wine Bar, qui n’était pas habilité à les vendre. Son poisson est suspecté d’être à l’origine de la maladie. « Il y a peu de doutes sur les liens de causalité entre les conserves et l’apparition des symptômes », selon Thierry Touzet, directeur adjoint de la Direction départementale de protection des populations de la Gironde. Rare, mais pouvant être mortelle, Le Monde répond à quatre questions sur la maladie.

Qu’est-ce que le botulisme ?

Le botulisme est une affection neurologique rare. D’après des données de Santé publique France (SPF), datant de 2017 le taux d’incidence national est faible, s’élevant à 0,08 par million d’habitants. La maladie peut s’avérer grave lorsqu’elle n’est pas traitée à temps, dans 5 % à 10 % des cas elle est mortelle, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’affection est provoquée par une toxine, qui agit sur le système nerveux, produite par la bactérie Clostridium botulinum, explique l’agence nationale de santé publique. Sept types de botulisme existent, classés par lettre de A à G. Jusqu’à cinq d’entre eux peuvent affecter l’espèce humaine : A, B, E, le F plus rarement selon l’Institut Pasteur, et le C, également, selon SPF.

Trois formes d’affection au botulisme sont connues. Elle peut être provoquée par une colonisation de l’intestin en présence des germes de la bactérie, ce qui est notamment le cas du botulisme infantile, ou encore par la contamination d’une plaie, particulièrement lors de consommation de drogues intraveineuses.

La forme d’affection la plus fréquente reste l’intoxication alimentaire par ingestion « de la toxine dans des aliments conservés n’ayant pas subi de processus poussé de stérilisation », explique l’institut Pasteur. Les denrées souvent mises en cause sont les salaisons, les charcuteries ou encore les conserves d’origine familiale, artisanale ou de grande distribution. La maladie n’est pas contagieuse.

Comment se manifeste la maladie ?

Le temps qui s’écoule entre l’introduction de la bactérie dans l’organisme et les premiers symptômes peut aller de quelques heures à quelques jours, selon le mode de contamination. SPF l’estime à un minimum de deux heures et un maximum de huit jours.

La déclaration de l’affection se manifeste par « une atteinte oculaire (défaut d’accommodation, vision floue), une sécheresse de la bouche accompagnée d’un défaut de déglutition voire d’élocution, puis d’une parésie (diminution de la force musculaire) à une paralysie des muscles », précise l’Institut Pasteur. La maladie peut également causer des troubles digestifs : diarrhée, douleurs abdominales, nausées ou encore vomissements.

Dans les cas les plus graves, Benjamin Clouzeau, médecin en réanimation médicale au centre hospitalier universitaire de Bordeaux, a expliqué, lors d’une conférence de presse, mercredi matin, que l’affection peut aller jusqu’à provoquer une paralysie respiratoire. La sévérité des symptômes est variable et peut dépendre de la quantité de toxine ingérée.

Quels sont les risques ?

L’un des risques est la paralysie respiratoire, nécessitant des soins intensifs, qui met en danger de mort, « les types A et E étant responsables des formes les plus graves », écrit l’agence nationale de santé publique. La maladie est mortelle dans 5 % à 10 % des cas, selon l’institut Pasteur, précisant que « la grande majorité des malades pris en charge sans délai guérissent sans séquelles, mais la durée du traitement et de la convalescence peut durer plusieurs mois ».

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Le Dr Clouzeau ajoute que « plus on passe de temps en réanimation », plus le temps de récupération peut être prolongé, « la rééducation aussi ».

Comment traiter et prévenir l’affection ?

Il existe un antidote pouvant être administré aux patients qui se présentent précocement, avant la paralysie des muscles respiratoires. L’antitoxine consiste à diminuer l’intensité des symptômes. L’institut Pasteur ajoute qu’« il existe de plus un vaccin antibotulique, mais il est réservé aux personnes exposées, travaillant en laboratoire par exemple ».

La prévention du botulisme par intoxication alimentaire repose sur des règles d’hygiène à respecter lors de la préparation de conserves. En cas de défaut de fabrication, des signes comme la mauvaise odeur à l’ouverture d’une conserve peut alerter.

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