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Volcan Hunga Tonga : des coulées sous-marines catastrophiques

L’éruption majeure du volcan Hunga Tonga, survenue dans le royaume de Tonga (Pacifique ouest), le 15 janvier 2022, n’en finit pas de secouer les limites de la géophysique. On savait déjà qu’il avait craché des cendres jusqu’à 57 kilomètres d’altitude, un record, que l’explosion avait été entendue à 10 000 kilomètres de distance et qu’elle avait entraîné divers trains d’ondes atmosphériques propulsant des vagues océaniques à plus de 1 000 kilomètres par heure (km/h), perturbant la surface des mers pendant quatre à cinq jours. On découvre, à travers une étude publiée dans la revue Science, vendredi 8 septembre, à quel point le volcan a aussi profondément bouleversé les fonds sous-marins alentour.

Une équipe internationale dirigée par Michael Williams, de l’Institut national néo-zélandais de recherche sur l’eau et l’atmosphère, estime en effet que la retombée d’une partie des matières pyroclastiques éjectées dans l’atmosphère, au plus fort de l’éruption, a engendré des coulées sous-marines dévastatrices, capables de descendre les pentes immergées du volcan à 122 km/h, d’y creuser des sillons pour emporter des sédiments à plus de 100 kilomètres de distance, arrachant deux câbles sous-marins de communication sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Ces données sont issues d’un exercice avant-après. Michael Williams et ses collègues ont comparé les données bathymétriques, ces mesures qui permettent de déterminer la topographie des fonds marins, disponibles pour la période précédant l’éruption (jusqu’en 2017) à celles recueillies après celle-ci. Ils ont ainsi pu identifier de profonds sillons – parfois plus de 100 mètres – creusés sur les flancs du Hunga Tonga par le passage de ces coulées, et de vastes dépôts de sédiments et de matière pyroclastique ayant enseveli notamment un câble destiné à assurer les communications locales. Celles-ci ont été interrompues un quart d’heure après la première éruption majeure, et neuf minutes après la seconde, alors que le panache avait commencé à retomber dans l’océan sous son propre poids.

Vitesse sans équivalent

Cette chronologie a permis d’évaluer la vitesse de déplacement des coulées sous-marines, qui ont donc pu arriver au-dessus du câble à environ 122 km/h. Un autre câble sous-marin assurant des télécommunications internationales, distant de 70 kilomètres, a lui aussi été détruit, sur une longueur de 89 kilomètres, par des coulées arrivées plus tardivement, à une vitesse moindre (entre 30 et 50 km/h). A noter qu’il a été déplacé de plusieurs kilomètres en direction du volcan, par un courant qui avait fait demi-tour en raison de la configuration du relief sous-marin…

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