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L’archéologie après les fouilles : dans les coulisses des centres de recherches

Tout comme la Lune nous présente perpétuellement son côté pile, l’archéologie semble, au moins dans les médias, n’avoir qu’un seul visage, celui de la fouille. Des chercheurs à quatre pattes dégageant, à la petite truelle ou au pinceau, qui un campement préhistorique, qui une villa romaine, qui une nécropole médiévale… Pourtant, si l’on met de côté l’aspect exaltant et spectaculaire de la découverte de ce patrimoine enfoui qui retrouve la lumière du jour et le monde des humains, on s’aperçoit que l’exploration du site archéologique est loin de tout révéler. Ainsi que le précise Agnès Balmelle, directrice adjointe scientifique et technique à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pour la région de Reims (Marne), « pour cent jours de fouilles, l’Etat prescripteur nous demande de mettre entre cent et cent vingt jours d’études derrière. On peut même monter à cent cinquante. Le terrain est la partie émergée de l’iceberg ». Où et comment s’effectue ce travail de l’ombre appelé « post-fouille » ? Qu’arrive-t-il aux vestiges une fois sortis du sol ? Petit voyage sur la face cachée de l’archéologie.

Un sarcophage scellé (au centre), du IIᵉ ou IIIᵉ siècle, trouvé dans une nécropole gallo-romaine, lors d’une fouille à Reims (Marne). Au centre de recherches archéologiques de l’Inrap, à Châlons-en-Champagne, le 26 juillet 2023.

A Châlons-en-Champagne, l’Inrap dispose d’un centre de recherches archéologiques (CRA) flambant neuf, inauguré en mai 2022, où officient une soixantaine de personnes. Couvrant 2 900 mètres carrés, ses bureaux et son entrepôt ont été installés dans les bâtiments entièrement réhabilités d’une ancienne caserne. Pour son responsable, Stéphane Sindonino, directeur adjoint scientifique et technique à l’Inrap, ce CRA « a été configuré à l’idéal, avec les meilleurs standards actuels ». La visite commence par là où tout arrive, la zone dite « de quai », où sont déchargés le matériel nécessaire à la fouille ainsi que la récolte archéologique. Sale, poussiéreuse, voire boueuse, celle-ci commence par une bonne douche son périple dans ce grand bâtiment allongé. « Nous effectuons un lavage à haute pression pour le matériel qui le supporte », explique Stéphane Sindonino. Les vestiges les plus délicats, eux, ont droit à un lavage manuel.

Puis intervient la phase de séchage : les objets sont disposés sur de grands chariots métalliques à plateaux, exactement les mêmes que ceux que l’on trouve dans les cantines. Pour l’heure, le visiteur contemple surtout une collection d’ossements humains issus d’un site funéraire châlonnais du début du Moyen Age. Tout cela repose sur des pages du Monde ou de L’Union, le quotidien régional. « L’ennui, c’est que les gens lisent de moins en moins les journaux papier. Bientôt, je ne sais pas comment on fera ! », glisse Stéphane Sindonino, qui referme aussitôt la parenthèse en poursuivant les explications : « Une fois que c’est sec, tout est inventorié avec des étiquettes propres, et rangé dans des sacs neufs. »

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