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Des enseignants racontent leur rentrée : « On a juste envie de faire notre métier. Si l’école tient, c’est tout de même grâce à nous »

Emmanuel Macron, au collège Daniel-Argote, à Orthez (Pyrénées-Atlantiques), le 5 septembre 2023.

Ils sont arrivés dans les boîtes mail des directeurs d’école et des chefs d’établissement le jour de la rentrée, lundi 4 septembre : des « flyers » à transmettre aux parents d’élèves pour les informer de « ce qui change pour [leur] enfant » en cette rentrée 2023. Sur ces documents, une liste de mesures politiques annoncées ces derniers mois à tous les niveaux de la scolarité, comme celles concernant la lecture et l’écriture à l’école primaire, le soutien scolaire en 6e, la découverte des métiers au collège, le harcèlement, le remplacement des enseignants dans le second degré, la réforme du lycée professionnel… « Nous vous remercions de bien vouloir le distribuer aux familles, en complément des documents et indications que vous leur diffusez lors de cette rentrée », requiert le mail, signé du ministère de l’éducation nationale.

Les réactions ont été vives. Plusieurs syndicats, comme le SNUipp-FSU ou le SE-UNSA, ont d’ailleurs appelé à ne pas communiquer ce fascicule. Nathalie (les personnes citées par leur prénom n’ont pas voulu donner leur nom) ne décolère pas depuis qu’elle les a reçus. « Il est écrit qu’on va faire plus de tout : plus de lecture, plus d’écriture, plus de mathématiques, plus de sport… Mais le temps scolaire reste le même. On va finir par faire lire nos élèves en courant !, s’emporte cette directrice d’école bretonne. Il faudrait déjà que les politiques prennent conscience de tout ce qu’on fait. »

« Je crois que c’est la première fois que je vois une communication aussi politique et susceptible de contestation », s’étonne aussi Thibaut, professeur d’histoire-géographie en lycée, dans l’académie de Reims. Il a été stupéfait de découvrir que l’augmentation de salaire des enseignants figurait sur ces documents. « Que dit-on aux parents ? Que la qualité du service doit forcément s’améliorer parce qu’on a donné une centaine d’euros en plus aux enseignants, avec des chiffres présentés de manière partielle et sans préciser que ça ne couvre même pas l’inflation de cette année pour la majorité des professeurs ? », s’agace-t-il.

L’exaspération a gagné la profession d’autant plus vite que cette communication institutionnelle s’ajoute à une rentrée politique particulièrement rythmée pour le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, et pour le président de la République, Emmanuel Macron, qui ont multiplié les interventions et les annonces ces dernières semaines.

« On se croirait au Café du Commerce ! »

Géraldine a beau entamer sa trentième année en tant que professeure d’histoire-géographie au collège et être « habituée » à voir se cristalliser les attentions politiques et médiatiques sur le rituel de la rentrée scolaire, cette fois, « de fatigue », elle a fini par éteindre la télé et la radio. « Maintenant, c’est chaque jour une nouvelle idée du président pour l’école, on se croirait au Café du Commerce ! », s’énerve-t-elle en évoquant l’une des dernières propositions du chef de l’Etat, formulée face au youtubeur Hugo Travers le 4 septembre et présentée comme « hyper importante » : « Avoir des élèves de 6e qui plantent des arbres dès cette année. »

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