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Le désarroi des patients face aux pénuries de médicaments : « On n’arrête pas de faire chou blanc, c’est la galère »

« Je ne comprends pas, on n’est pas dans un pays sous-développé ! Qu’est-ce qui se passe ? » L’incompréhension de Salima Sedira est à la hauteur de l’inquiétude qui monte chez de nombreux patients : vont-ils avoir accès au médicament qui les soigne ou les soulage, ce mois-ci, le mois prochain, le suivant ? Cette femme de 55 ans, sous traitement depuis 2006 pour sa bipolarité, a vécu une première cet été : impossible de trouver du Valium (diazépam), utilisé pour diminuer l’anxiété dont elle souffre. « Rupture de stock », lui a-t-on dit dans sa pharmacie, à Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes).

Le générique qui lui a été donné à la place en juillet n’a pas marché, raconte-t-elle : « C’était catastrophique, ça ne me faisait rien, j’avais trop d’angoisses. » Résultat, elle a raclé ses fonds de tiroir et a retrouvé de vieux cachets, datant d’un an, deux ans… Ajoutés aux « deux boîtes miracles » que le pharmacien a finalement reçues en août, elle a de quoi « tenir » jusqu’à la mi-septembre. Après, c’est l’inconnu.

Anxiété, migraine, troubles cardiaques, vertiges, ostéoporose… les maux pour lesquels les traitements viennent à manquer ces dernières semaines sont de toutes sortes, avec les tensions et les ruptures de stock sur les médicaments qui se multiplient depuis la sortie de la crise sanitaire. Si les patients, qui ont répondu à un appel à témoignages sur Lemonde.fr, parlent d’abord de leur « angoisse », ils racontent aussi les « galères » au quotidien et leurs « stratégies », dans un système qui les laisse souvent démunis et les oblige à naviguer à vue, certains se retrouvant obligés d’adapter, ou même d’interrompre, leur traitement.

Obligés de se « rationner »

Thibault Lévèque le reconnaît, il vit « très mal » la situation : sa femme est désormais obligée de se « rationner » sur son médicament pourtant indispensable à toute vie sociale, y compris « pour aller faire des courses ». Après une lourde chirurgie gastro-entérologique, elle ne peut plus sortir sans risque de se retrouver dans des situations « honteuses voire dégradantes », résume-t-il pudiquement, à propos de ce qu’il nomme une « quasi-incontinence des intestins ». Mais impossible, depuis cet été, de trouver son remède « miracle » – le Questran 4gr (cholestyramine) – en quantité nécessaire pour continuer à le prendre chaque jour.

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Après s’être retrouvé confronté aux tiroirs vides des pharmacies de son département, l’Eure, il a fini par trouver à 200 kilomètres la dernière boîte qu’il leur reste aujourd’hui, en région francilienne. « On a mis à contribution la famille en Ile-de-France, ils ont appelé partout, ils ont été dans au moins une quinzaine de pharmacies, raconte-t-il. Depuis, on s’est remis en ordre de bataille, mais on n’arrête pas de faire chou blanc, c’est la galère. »

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