Close

A Paris, le pôle archéologique refait surface et s’offre de nouvelles réserves

Rayonnages des réserves du pôle archéologique de la Ville de Paris (18ᵉ arrondissement), en juin 2023.

En avril, relayée par tous les grands médias de France, la redécouverte d’une nécropole antique en plein cœur de Paris avait rappelé que, malgré la tendance de la capitale à se pétrifier en ville-musée, des travaux d’aménagement y sont réalisés dont certains nécessitent l’intervention des archéologues. Certes, les fouilles se comptent chaque année sur les doigts d’une seule main et sont en général menées sur des surfaces limitées, mais la probabilité de faire des découvertes intéressantes est inversement proportionnelle à ces petits nombres : « Paris est une ville riche et complexe : toute l’histoire de France se fait là », rappelle Julien Avinain, chef du pôle archéologique de la Ville de Paris. A certains endroits, l’épaisseur des strates historiques dépasse les 6 mètres, au point que l’« on peut retrouver les niveaux antiques sous les caves creusées au XIXe siècle pour les immeubles haussmanniens », complète-t-il.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Redécouverte d’une nécropole antique en plein cœur de Paris

Julien Avinain donne ainsi l’exemple d’une fouille que son service a effectuée en 2022 dans le 5e arrondissement, à deux pas de la Sorbonne : « Sept personnes ont travaillé pendant six mois sur un aménagement privé de seulement 180 mètres carrés. Mais on a sorti 450 caisses de “mobilier” [terme désignant tous les objets exhumés], dont 300 à 350 caisses de restes animaux. Le site est en face de ce qui était le forum antique et l’on suppose qu’on se trouvait dans le secteur marchand, avec des activités de boucherie. »

Autre exemple, encore plus récent, puisqu’il date de 2023, avec un diagnostic – sondage pour évaluer la valeur archéologique d’un site – effectué au Palais de justice, sur l’île de la Cité. Dans un trou de seulement 6 mètres carrés, les archéologues ont exploré des couches du Moyen Age pour, finalement, aboutir aux vestiges du mur ouest de l’enceinte romaine lutécienne. « On n’était pas tombés sur cette partie de l’enceinte antique depuis l’aménagement d’un couloir réalisé entre la cour du Palais et le métro Cité en 1910, commente Julien Avinain. Cela peut donc être tout petit mais très intéressant. » Avec l’inconvénient majeur que les chercheurs, dans le millefeuille parisien où s’empilent plus de deux millénaires d’histoire, doivent maîtriser « une bibliographie monstrueuse », pour reprendre l’expression de Julien Avinain.

La salle principale des réserves archéologiques parisiennes abrite plus de 7 500 caisses d’objets archéologiques et près de 120 palettes d’éléments lapidaires sculptés. Au pôle archéologique de la Ville de Paris (18ᵉ arrondissement), en juin 2023.

Carte numérisée en libre accès

Peu connu, son service est l’héritier de la Commission du Vieux Paris, créée en 1898 pour étudier et protéger le patrimoine enfoui de la capitale. Cette commission, reconnaît Julien Avinain, « n’avait pas su prendre le tournant de la professionnalisation de l’archéologie. Il a donc fallu tout remettre à plat dans les années 2010 ». Un immense travail de fourmi, qui a notamment consisté à numériser la carte archéologique de Paris (en ligne depuis 2019) et à faire l’inventaire complet des vestiges mis au jour dans la capitale, inventaire qui devrait être achevé en 2023, avec plus de 90 000 entrées dans la base de données. Sans oublier la numérisation de 60 000 documents.

Il vous reste 34.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top