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Sur les « métiers en tension », la droite n’imagine aucune détente possible avec la majorité

Le président du Sénat, Gérard Larcher, le président du parti Les Républicains (LR), Eric Cioti, et le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, lors des états généraux du parti de droite, à Paris, le 17 juin 2023.

Si la « ligne rouge » sur le titre de séjour « métiers en tension » avait perdu de sa couleur pendant l’été, le président du Sénat, Gérard Larcher, s’est chargé de remettre un coup de peinture au nom de son parti, Les Républicains (LR). Inflexible, la droite refuse d’entendre parler de régularisations de sans-papiers dans des secteurs en tension dans une loi « immigration » devenue l’arlésienne de ce quinquennat. « A ceux qui nous disent “on a des besoins dans les métiers en tension”, occupons-nous de nos trois millions de chômeurs », a déclaré le président du Sénat sur BFM-TV, mercredi. « La régularisation dans les métiers en tension n’est pas négociable », enfonce le même jour le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, dans un entretien au Figaro.

Cette intransigeance n’est pas nouvelle. Depuis la présentation des grandes lignes du texte en novembre 2022 dans Le Monde par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et celui du travail, Olivier Dussopt, Les Républicains ont toujours vu dans cet article 3 un appel d’air favorisant l’immigration illégale. « On envoie un message aux passeurs : leur petit trafic d’esclaves humains continuera », estimait à l’époque l’élu des Hauts-de-Seine Philippe Juvin, pourtant rangé parmi les députés « Macron-compatibles ».

Pour la droite, cet article est le péché originel d’un texte qui porte la marque du « en même temps » macronien, avec ce qui est considéré comme une concession à l’aile gauche de la majorité incarnée par le député de la Vienne Sacha Houlié. Principal défenseur de ce dispositif, le président de la commission des lois à l’Assemblée a connu un coup de chaud, fin août, quand la première ministre, Elisabeth Borne, a parlé en privé de faire un sort à l’allusion aux métiers en tension, la jugeant « mal formulée ». Mais le ballon d’essai se dégonfle assez vite et LR n’a pas le temps de jubiler. M. Houlié assure aujourd’hui avoir des garanties solides de l’Elysée et de Matignon.

« Nous sommes unanimes »

Retour à la case départ. Gérald Darmanin a besoin de son ancienne formation et de ses 62 députés pour voter un texte qui lui tient à cœur, mais ces derniers veulent l’expurger des « métiers en tension ». Comment trouver une voix de passage ? La douloureuse bataille de la réforme des retraites a eu le mérite d’enseigner à la Macronie que le groupe LR formait tout sauf un bloc homogène. Alors faut-il tenter d’exploiter d’éventuelles dissensions ?

Sous couverte d’anonymat, certains députés – parmi les plus libéraux du groupe – trouvent quelques qualités à un dispositif répondant à la préoccupation des employeurs dans des secteurs comme la restauration et le bâtiment. « Sans aller jusqu’à une régularisation automatique, il faut prendre en compte la situation. Ces gens travaillent, payent des impôts dans des secteurs où on peine à recruter », avance l’un d’entre eux. Un autre estime qu’entre quinze et vingt de ses collègues seraient ouverts à la discussion sur le sujet.

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