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Meriem Salmi, la botte secrète des champions

Meriem Salmi, à la Maison de la radio, à Paris, le 22 novembre 2022.

Ni plaque côté rue ni indication à l’étage, le cabinet de Meriem Salmi, dans le 8e arrondissement parisien, cultive la discrétion. C’est depuis ce cocon haussmannien aux fenêtres encadrées de longs rideaux pourpres que consulte la psychologue clinicienne, autrice de Croire en ses rêves et trouver son chemin (Fayard, 2018), préfacé par son patient le plus emblématique, le judoka Teddy Riner. « C’est une des rencontres les plus importantes de ma vie, dit le champion multimédaillé. Je l’ai croisée sur mon chemin à 14 ans, j’en ai 34. Elle m’a aidé à grandir et je travaille encore avec elle sur de nombreux aspects de ma vie. »

Leur premier contact s’est déroulé à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), à Paris, le centre d’entraînement de l’élite sportive française où Meriem Salmi a été responsable du suivi psychologique au service médical, de 2000 à 2013, puis experte auprès de la direction générale et de l’équipe olympique, de 2017 à 2021. Des dizaines de sportifs de haut niveau la consultent encore.

Persuadée du lien entre santé mentale, bien-être et performance sportive, Meriem Salmi, 61 ans aujourd’hui, se réjouit de l’orientation choisie quand elle en avait 18. « A l’époque, tout m’intéressait, les sciences, les mathématiques, raconte-t-elle. Je me souviens de mon inscription en psychologie à [l’université de] Jussieu [à Paris] alors que, pour ma famille, c’était une science molle non reconnue. Mais je suis curieuse de tout et n’ai cessé depuis d’apprendre pour élargir ma pratique. » La jeune diplômée commencera par la psychanalyse – « seule méthode thérapeutique existant dans ma génération », précise-t-elle – et poursuivra par les thérapies cognitives comportementales, la systémique (étude de l’homme et de son environnement, prônée par l’anthropologue et psychologue américain Gregory Bateson), la méditation de pleine conscience et, enfin, les neurosciences. « Mon approche suit une logique scientifique : identifier les problèmes, les analyser puis élaborer des stratégies pour trouver des solutions », estime Meriem Salmi.

« Pas bien vu avant »

Le recours affiché du judoka aux onze titres mondiaux à son aide thérapeutique a brisé un tabou dans le sport français de haut niveau. « Un tel suivi n’était pas bien vu avant, c’était une preuve de faiblesse », explique Brigitte Deydier, triple championne du monde de judo dans les années 1980. Une fois devenue directrice technique nationale (DTN) en 2005, cette dernière, avec une kyrielle d’autres DTN (Ghani Yalouz à l’athlétisme, Dominique Nato à la boxe…), le directeur médical de l’Insep (Eric Joussellin) et le président du Comité national olympique (Henri Sérandour) ont obtenu que Meriem Salmi soit intégrée, en 2008, à la délégation médicale française au village olympique de Pékin pendant les Jeux. « Des athlètes, des entraîneurs mais aussi des DTN et des présidents de fédération l’ont alors consultée », se souvient Eric Joussellin. Il faudra cependant attendre treize ans, en 2021, soit Tokyo 2020, pour qu’elle intègre de nouveau, et au bénéfice de tous, la délégation française.

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