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Le Chili commémore dans la division le cinquantième anniversaire du coup d’Etat militaire

Lors d’une marche commémorant l’« Opération Colombo », au cours de laquelle plus d’une centaine de dissidents ont été exécutés par les forces de sécurité de Pinochet. A Santiago, le 22 juillet 2023.

Il y a bientôt cinquante ans, le 11 septembre 1973, le palais présidentiel de La Moneda était bombardé par l’armée. A l’intérieur, Salvador Allende, le président socialiste démocratiquement élu en 1970, se suicidait. Le Chili basculait officiellement dans la dictature. Jusqu’à 1990 et au retour à la démocratie, le régime militaire d’Augusto Pinochet s’est rendu coupable de la mort ou de la disparition de 3 200 personnes. Au total, 40 000 Chiliens ont été victimes de tortures.

Un demi-siècle plus tard, le Chili s’apprête à commémorer ce coup d’Etat, sous l’égide du président Gabriel Boric (gauche). Celui-ci, né bien longtemps après cet événement, en 1986, a fait du devoir de mémoire et de justice l’un des engagements de son mandat, commencé en mars 2022. « On ne peut plus jamais justifier, pour quelque raison que ce soit, la violation des droits humains sous prétexte qu’une personne pense différemment, a-t-il expliqué sur la chaîne Canal 13, le 3 septembre. Il faut que [cette commémoration] soit un moment de réflexion », y compris pour les plus jeunes générations.

Mais le pays aborde plus que jamais divisé cet anniversaire symbolique. Mercredi 6 septembre, la coalition de droite et de centre droit Chile Vamos a annoncé qu’elle ne se rendrait pas à la commémoration, le 11 septembre. Dans un communiqué, la coalition déplore « la fracture sociale » induite par « la chute de la démocratie » mais ne mentionne pas explicitement le « coup d’Etat ».

Lire notre archive (1973) : Article réservé à nos abonnés Coup d’Etat de 1973 au Chili : Salvador Allende, un révolutionnaire légaliste

Deux jours plus tôt, l’opposition – du centre droit à l’extrême droite – a refusé de signer un document proposé par Gabriel Boric condamnant les violations des droits humains, dans le cadre de la commémoration du putsch. « Je ne vais pas signer un accord unilatéral et biaisé [sur l’interprétation] de l’histoire », a justifié la sénatrice de Rénovation nationale (droite) dans le quotidien La Tercera. « Au sein de la droite, certains pensent que la dictature a été une bonne chose. Et d’autres ne veulent pas être associés à un texte ou une commémoration qui, selon eux, est une façon pour le gouvernement de faire oublier un bilan qu’ils considèrent mauvais », analyse Roberto Mardones, politiste à l’université Mayor.

« Légende urbaine »

Des élus nient ouvertement les crimes des militaires. C’est le cas de la députée d’extrême droite Gloria Naveillan. Le 23 août, elle a voté contre un texte, finalement approuvé, visant à condamner la violence sexuelle contre les femmes commise par la dictature. Selon la parlementaire, les violences sexuelles systématiquement infligées aux détenues, pourtant étayées par les témoignages des victimes et qui ont donné lieu à des condamnations de responsables de la dictature, relèvent de la « légende urbaine ».

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