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Des vélos à bord des trains ? Entre passagers excédés et cyclistes sans place, « c’est un peu explosif » aux heures de pointe

A chaque ouverture des portes, l’enchevêtrement d’humains et de montures métalliques impressionne celles et ceux qui s’apprêtent à grimper dans le train Arcachon-Bordeaux, en cette fin d’après-midi du mardi 29 août. Un ou deux vélos descendent, laissant les nouveaux passagers se frayer un chemin, puis, au forceps, ils sont de nouveau hissés dans le train. Leurs roues se frottent aux jambes des passagers sur la plate-forme d’entrée, gigotent en l’air, les bicyclettes tenues à la verticale, s’entremêlent dans l’« espace vélos » saturé…

Un espace peu spacieux que distingue l’autocollant « 3 vélos maxi », en léger décalage avec la situation. Dans le wagon, la tension rend le silence épais. Les cyclistes tentent de se faire petits ; les autres usagers, de supporter l’inconfort. Mais leur stoïcisme atteint ses limites. « Ah ! ouais, y a les vélos… », grogne l’un d’eux en montant, tandis qu’un autre soupire : il doit effectuer un gymkhana pour accéder aux toilettes. « Une dame a même appelé la police ferroviaire devant moi, une fois, se souvient Jérôme, un costaud en bermuda, maître d’œuvre de profession. Elle s’était cassé le bras dans un train, précédemment, en se prenant les pieds dans un vélo, alors elle ne voulait plus en voir près des portes d’entrée. Les autres usagers ont pris ma défense. Ils savent bien qu’à la sortie du boulot on ne va pas s’attendre à un train vide ! »

D’un bond, le quadragénaire se lève d’un strapontin pour désimbriquer son VTT de la pile instable – un cycliste arrivé plus tôt doit descendre. « Cela fait six ans, compte-t-il, que je cumule vélo et rail sur cette ligne. Il en faut, de la volonté… On nous demande de limiter nos rejets de C0₂, mais il n’y a pas les infrastructures qui le permettent. » Deux espaces vélos pour six places, théoriquement, dans ce train express régional (TER).

Ménager les uns et les autres

« Je me prends souvent la tête avec les contrôleurs, avoue Marc, fonctionnaire territorial de 43 ans, son fin cycle noir à ses côtés. Surtout de juin à septembre, quand arrivent les cyclotouristes et les Bordelais qui se promènent sur le bassin d’Arcachon. Il y a une dissonance entre notre volonté de “vélotafer” [se rendre au travail à vélo] et la place qui nous est accordée. » « Ça ne va pas assez vite, la transition ! », s’emporte Manu, 27 ans, sous casquette fleurie, encore marquée par la vision récente d’une jeune cycliste en pleurs, interdite d’embarquement par des contrôleurs submergés de vélos.

Terminus Bordeaux. Direction le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Renaud Lagrave, le vice-président aux transports et mobilités, ne cache rien du problème : « Je reçois un message toutes les demi-heures d’un usager excédé par les vélos, qui demande leur interdiction. Mais aussi des courriers de cyclistes qui n’ont pas pu monter dans le TER. Et je dois ménager les uns et les autres. » Dans la région, la fréquentation des TER a augmenté d’un gros tiers depuis 2019, avec désormais de 10 % à 15 % des voyageurs qui arrivent en poussant un vélo. « La cohabitation, résume Renaud Lagrave, est extrêmement compliquée, toute l’année. »

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