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Ces passereaux rendus téméraires par le Covid-19

Un junco ardoisé, sur le campus de l’université de Californie à Los Angeles, en avril 2017.

Le Covid-19 n’a pas fait que des malheureux. On le sait désormais, nombre d’espèces sauvages ont profité des périodes de confinement provoquées par la pandémie pour reprendre possession de territoires, à l’image des fameux pumas gambadant dans les rues de Santiago du Chili. Mais qu’en a-t-il été des animaux déjà habitués à vivre dans un environnement humain ? Et puisque toute bonne chose a une fin, comment ont-ils réagi au retour des humains, une fois cette période d’« anthropause » achevée ?

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Pour approcher ces deux questions, une équipe de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) a suivi le comportement d’une espèce de passereaux résidant sur le campus depuis près de vingt ans : les juncos ardoisés. Une épreuve presque imposée pour Eleanor Diamant et sa mentor Pamela Yeh. Depuis les années 2000 pour la seconde, 2017 pour la première, les deux écologues étudient l’adaptation à l’écosystème urbain de ces oiseaux, passés il y a quarante ans, sans que l’on ne comprenne bien pourquoi, des forêts de pins des montagnes californiennes aux cités de la côte, et d’un mode de vie migrateur à un comportement sédentaire.

« A priori, les observer dans une ville sans humains n’était pas ce que nous avions prévu, raconte Eleanor Diamant. Mais une telle occasion ne se présente – espérons-le – qu’une fois dans une vie. On ne pouvait pas rater ça. » Bien leur en a pris, comme le montre l’article qu’elles ont publié, le 22 août, dans la revue Proceedings of the Royal Society B. Car rien ne s’est passé comme les deux biologistes l’avaient prévu.

Deux mécanismes possibles

Toutes les études le constatent : les animaux « des villes » craignent moins les humains que ceux « des champs ». Les juncos ruraux s’envolent ainsi lorsque l’on approche à moins de 3,50 mètres, les urbains ne détalent qu’à 1,60 mètre. La raison ? Deux théories s’affrontent : soit les oiseaux s’habituent à notre présence – on parle d’habituation –, soit ce sont les moins peureux qui ont choisi de s’installer parmi nous. Selon la première théorie, les oiseaux confrontés au confinement devraient retrouver leur prudence d’origine, puis se réhabituer à notre présence une fois les mesures levées. Selon la seconde, les passereaux, déjà sélectionnés pour leur bravoure, devraient voir leur comportement inchangé, tant par l’absence que par le retour des humains.

Faites vos jeux… C’est perdu ! Les mesures réalisées sur près de soixante-dix individus ont montré que, pendant le confinement, les volatiles ne modifiaient aucunement leur comportement. Mais – et c’est là la surprise essentielle – une fois chercheurs et étudiants de retour sur le campus de UCLA, les oiseaux se montrent encore moins effrayés qu’avant ou pendant la pandémie. Il faut désormais les approcher à moins d’un mètre pour qu’ils s’envolent.

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