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Kétamine : l’usage récréatif a pris de l’ampleur en France, et avec lui l’apparition de complications graves

Résultat d’une saisie de drogues de synthèse, dont de la kétamine, dans le complexe de police de Canillas, à Madrid, le 21 juin 2023.

C’est une nouvelle illustration des méfaits sanitaires liés à l’usage récréatif d’un médicament : la kétamine, un anesthésique très utilisé depuis les années 1970. Ce psychotrope est aussi employé, hors indication, contre les douleurs rebelles ou chroniques et il est à l’étude contre les dépressions résistantes.

Mais son mésusage ne cesse d’augmenter. Le 30 août, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a donc lancé une alerte sur les effets indésirables sévères liés à cet usage détourné et abusif. « Des complications graves consécutives à l’administration de kétamine nous sont encore signalées régulièrement, dans un cadre médical ou non médical (usage festif ou sexuel) », relève l’ANSM. Il s’agit d’atteintes souvent graves du foie et des voies biliaires (hépatite, cholangite…) ou des voies urinaires (cystite interstitielle non infectieuse), avec un retentissement possible sur le rein (insuffisance rénale aiguë…). Ces complications résultent le plus souvent, ajoute l’agence sanitaire, « d’une utilisation prolongée et/ou répétée, qui peut également provoquer une dépendance à la kétamine ».

« La kétamine est un médicament très utile, notamment pour l’anesthésie d’urgence ou la sédation en soins intensifs, relève Joëlle Micallef, présidente du Réseau français d’addictovigilance. Dans ces indications ponctuelles, son profil de sécurité est bien connu. » Classée parmi les stupéfiants, la kétamine, à dose modérée, entraîne ainsi des effets euphorisants et une ébriété cotonneuse ; à dose plus forte, des hallucinations et un effet de dissociation. « Cependant, on a basculé d’une utilisation ponctuelle à une utilisation régulière, ajoute la médecin pharmacologue. Le niveau d’exposition actuel de la population n’a plus rien à voir avec celui d’il y a dix ans. »

Consommation dans un contexte de chemsex

Premier constat : les ventes de kétamine en pharmacie restent à des niveaux élevés : de 2017 à juin 2020, elles ont plafonné à environ 3 millions d’ampoules par an, contre 500 000 au début des années 2000. Or son usage récréatif peut découler soit d’un détournement de la kétamine-médicament, soit d’un trafic illicite, principalement en provenance d’Asie.

Second constat : à l’échelle nationale, le nombre de signalements en lien avec la kétamine, tels que recueillis et analysés par les pharmacologues des treize centres d’addictovigilance, est en hausse. Il est ainsi passé de 235 signalements en quinze ans, de 2002 à juin 2017, à 262 signalements en trois ans, entre juillet 2017 et juin 2020. Des valeurs qui peuvent sembler faibles, mais la sous-déclaration aux centres d’addictovigilance est notoire. « Moins de 1 % des complications sanitaires liées à l’usage d’une substance addictive sont déclarées », estime Joëlle Micallef.

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