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Pourquoi le LK-99, un supposé supraconducteur miracle, a électrisé la communauté scientifique

L’été a été chaud. Y compris dans des laboratoires de physico-chimie habitués à travailler à très basse température. C’est que l’un d’eux a décidé d’enflammer la communauté en prétendant avoir mis la main sur la recette de fabrication d’un matériau idéal, un solide dans lequel le courant électrique circule absolument sans aucune résistance. Et ce depuis des températures négatives jusqu’à des températures de plus de 120 °C. Jusqu’à présent, de telles propriétés disparaissaient dès que le thermomètre montait au-dessus de − 130 °C. Les plus optimistes fantasment alors de régler la question du réchauffement climatique avec ce nouveau venu : en abaissant les consommations par la suppression des pertes dans les câbles électriques, en faisant circuler des trains à grande vitesse moins énergivores par lévitation magnétique, en facilitant la fusion nucléaire, source d’énergie prometteuse… Le rêve.

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Sauf que la nouvelle scientifique, qui n’aurait sans doute pas dû prendre une telle importance, s’est dégonflée en quelques jours. Elle a tout d’une saga de pieds nickelés de la science, dont les travers sont une manière de raconter comment la recherche avance réellement, loin des mythes ou idées reçues. Elle illustre combien le secret, l’aveuglement, la soif de briller, le désarroi aussi peut-être face au défi du réchauffement climatique expliquent de tels emballements. Retour sur un mois édifiant de folies coréennes.

C’est en effet depuis la péninsule asiatique que tout commence. Le samedi 22 juillet, à 9 h 51 (heure de Paris), trois chercheurs sud-coréens mettent en ligne une prépublication (ou « preprint ») sur le site le plus utilisé pour ce genre de dépôt, Arxiv.org, souvent aux prémices d’une publication dans des revues scientifiques. Le titre est sans ambiguïté : « Le premier supraconducteur à température et pression ambiantes ». Autant dire, le graal de la physique des matériaux : un solide qui perd sa résistance électrique, facile à manipuler, ni sous azote ou hélium liquide (pour avoir du froid), ni à très haute pression.

Deux heures vingt plus tard, un autre preprint, signé par six chercheurs sud-coréens également, à peine moins fanfarons, est mis en ligne : « Un supraconducteur montre une lévitation à température et pression ambiante ». Même pays, même matériau (mélange de plomb, de cuivre, d’oxygène et de phosphate), mêmes propriétés, même figures essentielles mais des auteurs… différents. Sauf deux, affiliés à l’entreprise Quantum Energy Research Centre, basée à Séoul. La suite révélera que la joie d’avoir décroché la timbale cache surtout une certaine discorde au sein de l’équipe.

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