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Les traînées de condensation des avions de plus en plus décriées pour leurs conséquences climatiques

Un avion laisse une traînée de condensation, au-dessus d’Islamabad (Pakistan), le 23 février 2023.

Déjà critiqué pour ses émissions de CO2 qui contribuent au réchauffement climatique, le transport aérien commence aussi à être montré du doigt pour ses traînées de condensation qui s’étirent dans le sillage des avions. Ces traînées ont connu un regain de notoriété ces dernières années depuis que certains conspirationnistes les accusent de tous les maux : propagation du cancer, stérilisation des populations ou encore la dissémination du virus responsable du Covid-19.

En réalité, ces « contrails », contraction en anglais de traînées de condensation, ne sont qu’une résultante de la combustion du kérosène. Elles se forment à la sortie des réacteurs lorsque les avions volent « à une certaine altitude et dans certaines conditions de pression atmosphériques et de températures », explique Patrick Le Clercq, directeur du département écoulements multiphasiques et carburants alternatifs de l’Institut de technologies de combustion de Stuttgart.

Depuis quelques années, des scientifiques du monde entier s’intéressent de près aux « effets non CO2 » du transport aérien. C’est-à-dire à la pollution de l’aviation autre que celle liée aux émissions de dioxyde de carbone. « Deux tiers du réchauffement climatique lié à l’aviation ont pour sources ces effets non CO2 », explique M. Le Clercq.

Comme un couvercle

Pis encore : « A l’intérieur de ces effets, ce sont les traînées de condensation qui ont l’impact le plus important et le plus visible » sur l’environnement, relève, de son côté, Matteo Mirolo, spécialiste de l’aviation durable au sein de l’ONG Transport & Environnement. Les traînées se forment à la sortie des réacteurs par la condensation de l’eau autour des suies rejetées dans l’atmosphère après la combustion du kérosène.

Ce phénomène « participe de la formation de nuages, des cirrus d’altitude, liés à l’activité humaine et non à la nature », décrypte M. Le Clercq. Et d’ajouter : « Dans un faible nombre de cas, ces nuages recouvrent une surface du globe non négligeable, surtout en Amérique du Nord ou en Europe du Nord, où il y a un fort trafic aérien. » Ce sont justement ces nuages qui posent problème. « Ils forment un voile sur une partie du globe, qui vient modifier le bilan radiatif », poursuit M. Le Clercq.

Il faut comprendre que, la nuit, comme un couvercle, ce voile empêche la Terre de renvoyer hors de son atmosphère une partie de la chaleur emmagasinée pendant la journée. Cet effet Cocotte-Minute a des conséquences. « Quand on fait un bilan sur plusieurs années de l’action de ces traînées, on constate que cela participe au réchauffement climatique », explique le chercheur. Pour l’heure, il n’y a pas de consensus au sein de la communauté scientifique sur l’impact des traînées de condensation sur l’environnement. « Les résultats sont éparpillés, admet M. Le Clercq. Plus d’impact que le CO2 pour les uns, moins que le CO2 pour les autres. » Mais la preuve est faite que les traînées participent plus ou moins au réchauffement climatique.

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