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Electricité gratuite : « Ces anomalies de marché rappellent l’importance stratégique du stockage »

Le barrage hydroélectrique de Braskereidfoss (Norvège) déborde après d’intenses pluies, le 9 août 2023.

Heureux habitants de Bergen et d’Oslo, en Norvège ! L’AFP nous apprend que le prix de gros de l’électricité, ce lundi 4 septembre, y est devenu nul, voire négatif. Autrement dit, le consommateur devrait être payé pour consommer. Une fois déduits, bien sûr, les frais d’abonnement et autres taxes qui lestent les factures comme partout dans le monde. De quoi faire rêver les Français, qui reviennent de vacances avec des tarifs augmentés de 10 % depuis le mois d’août.

C’est la rencontre entre une consommation faible en été et des barrages pleins à craquer à la suite de pluies intenses qui a provoqué cette situation étonnante. Etonnante, mais pas exceptionnelle. Rien que cette année, de nombreux épisodes de ce type se sont produits. Par exemple en Allemagne, en août, en Finlande au mois de mai ou en République tchèque, au printemps.

Le développement du solaire et de l’éolien, et la nature même de l’énergie électrique conduisent à la multiplication de ces événements. Nous entrons dans une ère où ce n’est plus la production d’électricité qui coûte de l’argent, mais son stockage. De quoi rêver à la société du « coût marginal zéro », concept utopique inventé par Jeremy Rifkin en 2014, qui prédisait qu’elle aboutirait à l’extinction du capitalisme, privé de l’oxygène des profits.

Colossale facture

C’est oublier un peu vite le coût d’investissement initial et la nécessité d’épargner les bénéfices actuels pour renouveler les installations. Les contempteurs de la « rente nucléaire » en France au début des années 2000 auraient dû se projeter dans la France des années 2023, qui ne sait plus très bien comment elle va financer la colossale facture de la transition énergétique. C’est pourquoi des prix négatifs ou nuls sont un mauvais signal envoyé aux investisseurs, attachés à la rentabilité de l’argent qu’ils placent.

Au-delà, ces anomalies de marché, qui se répètent de plus en plus souvent avec le déploiement massif des énergies renouvelables, rappellent l’importance absolument stratégique du stockage de l’électricité, angle mort de toutes les politiques énergétiques. La solution la plus simple est le barrage qui stocke les électrons en faisant remonter l’eau. Mais le potentiel est limité en Europe, car largement exploité depuis plus d’un siècle. Reste l’hydrogène et les batteries. Les progrès sont notables, mais pas encore à la hauteur de l’enjeu. Y parvenir sera la clé de notre développement futur.

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