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Après les émeutes, rentrée morose dans les banlieues : « Sur le fond, rien n’est réglé »

Rentrée scolaire à l’école élémentaire Paul-Langevin dans le quartier de Cronenbourg, à Strasbourg, en cours de réhabilitation après des dégradations lors des émeutes du début d’été, le 4 septembre 2023.

Un nouveau rendez-vous avait été fixé à la rentrée par Elisabeth Borne, « une fois le calme revenu ». C’était le 30 juin, lors du dernier comité interministériel des villes (CIV) présidé par la première ministre, entourée de seize ministres et de plusieurs représentants d’habitants et d’élus des quartiers populaires. L’événement, prévu de longue date, venait d’être percuté par les émeutes. Dans la cour de Matignon, à la sortie de la réunion, le manque de sommeil des participants était visible, après trois nuits de violences urbaines dans plusieurs centaines de villes de France, à la suite de la mort de Nahel M., tué à Nanterre, le 27 juin, par un policier lors d’un contrôle routier.

Il y avait aussi de la lassitude, face à l’absence de réponse du gouvernement à la crise structurelle des banlieues. Seul l’aspect sécuritaire avait été tranché pour ramener l’ordre dans les quartiers. Pour les questions sociales, il fallait voir à la rentrée. Mais, depuis, les discussions n’ont pas avancé, et le rendez-vous est désormais annoncé pour octobre.

Deux mois après, dans les quartiers, le calme est revenu, sur fond d’un certain fatalisme. A Nanterre, épicentre des émeutes, on se prépare presque pour « une rentrée comme les autres », selon Loubna Benazzi, directrice de l’association Authenti-Cité, au pied des tours Aillaud. Les éducateurs de rue du quartier Pablo-Picasso et du Vieux-Pont (où vivait Nahel M.) ont multiplié les séjours en vacances avec les jeunes pour favoriser le dialogue.

Les préoccupations sont redevenues plus ordinaires, entre les factures d’électricité, le prix des courses alimentaires et celui des fournitures scolaires. « Les gens reviennent peu sur ce qui s’est passé fin juin, et c’est peut-être ce qui doit le plus nous interroger, analyse Gilles Leproust, maire d’Allonnes (Sarthe) et président de l’Association des maires ville et banlieue de France. Quand on creuse, on sent qu’il y a encore de la crainte, parce que ça a forcément choqué. »

Réponse majoritairement répressive

La réponse de l’Etat aux violences urbaines aura donc été majoritairement répressive, à l’image des nombreuses comparutions immédiates au cours de l’été. « Le tout-sécuritaire, ce n’est pas bon. Mais les gens dans ces quartiers veulent plus de police. Et ramener l’ordre était quand même la priorité numéro un pour les habitants », assure Sabrina Agresti-Roubache. Nommée secrétaire d’Etat à la ville à la place d’Olivier Klein lors du remaniement de juillet, l’ancienne députée des Bouches-du-Rhône occupe désormais un poste sous la cotutelle du ministère de l’intérieur, symbole d’une volonté de réponse ferme de la part du gouvernement.

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