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Viktor Orban veut faire de la Hongrie une « grande puissance de la batterie »

A bord de la voiture qui la conduit dans l’est de la Hongrie, au sud de Debrecen, Eva Kozma bondit à la vue de ces fondations en béton, à quelques kilomètres de chez elle : « L’usine CATL est en train de ruiner notre vie ! » C’est ici, dans le parc industriel méridional de la deuxième ville du pays, que le leader mondial du marché de la batterie électrique, le chinois Contemporary Amperex Technology Co Limited (CATL), construit sa plus grande usine d’Europe de lithium-ion, d’une capacité de 100 gigawattheures (GWh). Ces 221 hectares d’anciens champs fertiles devraient permettre à terme d’équiper un million d’automobiles en batteries électriques chaque année.

La production, qui démarrera dès 2025, inquiète les riverains, à l’instar de Mme Kozma, résidant à Mikepércs, commune rurale de 5 300 habitants et limitrophe de l’usine de CATL. Cette Hongroise de 47 ans s’y était installée, il y a dix-sept ans, en quête d’un environnement sain pour y élever ses enfants. Elle redoute maintenant que son lieu de vie ne devienne invivable. « C’est un secteur qui a recours à des solvants dangereux ainsi qu’à des métaux lourds, qui pourront se retrouver dans la terre que nous cultivons, l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons. Les autorités ne sont pas à la hauteur pour faire respecter les normes. »

Le chantier de l’usine de batteries, au sud de Debrecen, à quelques kilomètres de Mikepércs (Hongrie), le 9 août 2023.
A terme, le site de CATL devrait produire 1 million de batteries électriques à l’année. Le 9 août 2023, au sud de Debrecen (Hongrie).

Cette mère de famille craint également un afflux de main-d’œuvre étrangère dans cette petite localité, alors que le pays, proche du plein-emploi, fait face à une pénurie de travailleurs. « Les Hongrois n’ont pas été préparés à ça. Au contraire, on n’a cessé de leur répéter que les étrangers ne devaient pas voler leurs emplois et leur culture… Et puis, cela risque de mener à de l’esclavage moderne. » Une situation à laquelle le village est déjà confronté : une maison familiale est ainsi occupée par une cinquantaine d’ouvriers asiatiques vivant dans des conditions peu enviables.

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N’ayant jamais reçu de réponses convenables à leurs préoccupations, ni de la part de CATL ni du gouvernement, Eva Kozma et plusieurs habitants de Mikepércs rassemblés au sein de Miakö, l’association des mères de famille de Mikepércs pour l’environnement, sont de toutes les mobilisations contre le projet. Le combat de David contre Goliath puisqu’il revient à s’opposer à la volonté du premier ministre, Viktor Orban.

Eva Kozma, responsable de l’association Mères pour l’environnement, présente les impacts environnementaux potentiels de l’usine, à Hajduszoboszlo (Hongrie), le 9 août 2023.

Ce dernier, qui dirige la Hongrie depuis 2010 en ayant affaibli les contre-pouvoirs, ne cache pas sa fierté de faire de cette nation d’Europe centrale une « grande puissance » de la batterie électrique. « Nous faisons d’énormes investissements dans les batteries électriques et, d’ici peu, nous deviendrons le troisième plus grand producteur mondial et le cinquième plus gros exportateur de la planète », avait-il ainsi déclaré en juillet 2022, lors d’une université d’été en Transylvanie (Roumanie).

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