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Pour contrer la pollution plastique, la piste balbutiante des matériaux biosourcés

Des granulés de plastique PLA (acide polylactique) biodégradables et compostables, dans un laboratoire de Carbiolice, une filiale de Carbios, à Riom (Puy-de-Dôme), le 14 mars 2019.

Les estimations de Plastics Europe, une association de fabricants basée à Bruxelles, sont formelles : le plastique est à 98,5 % d’origine fossile. Une hégémonie qui contraste avec les débuts des matières aux propriétés plastiques, au XIXe siècle, lorsque celles-ci étaient prélevées dans la nature : le latex des hévéas pour fabriquer le caoutchouc, la cellulose du bois pour la viscose utilisée dans le textile, la caséine du lait pour les colles…

Au XXe siècle, c’est une succession de « curiosités de laboratoire », comme le relève l’encyclopédie des plastiques du mouvement Utopia, qui donnera lieu à la mise sur le marché de produits de synthèse : la bakélite en 1909, le PVC et le polystyrène en 1933, le Plexiglas l’année suivante, le Nylon en 1939, la silicone en 1940… « Le monde entier peut être plastifié, et la vie elle-même », écrit Roland Barthes dans Mythologies, en 1957.

Dans un étrange retour à la case départ, la recherche s’intéresse aujourd’hui à la biomasse, pour mettre au point des matériaux plastiques « 100 % biosourcés » ou « biocomposites ». « L’idée est de réduire le taux de molécules de synthèse, en introduisant dans la matière plastique des fibres naturelles qui apportent un renforcement mécanique et permettent d’autres fonctionnalités », explique José-Marie Lopez-Cuesta, professeur au Centre des matériaux des Mines d’Alès.

En Haute-Garonne, par exemple, la société Cobratex fabrique des emballages réutilisables à partir du bambou. En Seine-et-Marne, Polybiom produit résines, colles et enduits à base de miscanthus, une herbacée originaire d’Afrique qui s’est acclimatée à l’Europe. Dans le Finistère, Kaïros emploie le lin pour réaliser des décors et des présentoirs offrant les mêmes caractéristiques que le plastique. Dans l’Yonne, APM met du chanvre dans des équipements intérieurs automobiles.

Un quart seulement est biodégradable

Autres plastiques ayant le vent en poupe : les polyhydroxyalcanoates produits par des bactéries, ainsi que les plastiques obtenus avec l’acide polylactique issus de la fermentation du sucre ou de l’amidon du maïs et de la canne à sucre. Actuellement, les capacités mondiales de production de bioplastiques s’élèvent à 2,2 millions de tonnes, mais ce nombre pourrait tripler d’ici à 2027.

Si les trois quarts de ces matériaux sont biosourcés (dont l’origine est biologique ou végétale), un quart seulement est biodégradable (se décompose naturellement). « Il n’y a pas de lien entre biosourcé et biodégradable », tient, en effet, à rappeler Luc Averous, professeur à l’ECPM de Strasbourg. « Un plastique peut être d’origine fossile et biodégradable. C’est le cas de la polycaprolactone, qui remplace le plâtre quand on répare un bras cassé. »

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