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Mort de Mohammed Al-Fayed, l’homme qui n’a pas su conquérir l’élite britannique

L’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, à Londres, en 1989.

Toute sa vie, Mohammed Al-Fayed a rêvé d’être accepté par l’élite et l’aristocratie britanniques. Il est mort mercredi 30 août – sa famille l’a annoncé vendredi 1er septembre – sans n’avoir jamais réussi à obtenir la nationalité britannique et en étant persona non grata au sein de la famille royale. Il a passé les vingt-cinq dernières années de son existence à dénoncer le « meurtre » de son fils Dodi aux côtés de la princesse Diana, en 1997.

Cet « homme profondément malhonnête », pour reprendre l’accusation d’un avocat lors d’un des nombreux procès qui ont émaillé sa vie, a mélangé mensonges, légendes et soif éperdue de reconnaissance. Même son âge était incertain : 94 ans, selon la date de naissance donnée dans un rapport du gouvernement britannique ; 90 ans, à en croire ce que le multimillionnaire égyptien a écrit dans le Who’s Who, où il affirme être né à Alexandrie en janvier 1933.

Fils d’un instituteur, s’appelant alors simplement Fayed – il ajoutera l’article al plus tard –, il débute en vendant des boissons fraîches avant de se lancer dans les affaires avec la famille saoudienne Khashoggi et de se marier avec l’une des filles, Samira. De leur union, qui durera seulement deux ans, naît leur fils, Dodi.

Charmeur, hâbleur, M. Al-Fayed multiplie les initiatives : il monte une société de transport maritime, devient conseiller du sultan de Brunei, fait affaire avec le dictateur haïtien « Papa Doc », François Duvalier, en se faisant passer pour un cheikh koweïtien… Dans les années 1960, il finit par s’installer à Londres, rêvant d’ascension sociale.

Goût pour les femmes et les voitures de luxe

De ces premières décennies, il tire une leçon : l’apparence de la richesse compte plus que tout. Son train de vie, son goût pour les femmes et les voitures de luxe lui permettent de rencontrer le conseiller d’un dirigeant de Dubaï. En lui facilitant l’accès à des financements auprès de banques occidentales, il engrange une énorme commission qui lui permet d’investir dans l’immobilier, notamment sur Park Lane, la grande avenue qui longe Hyde Park, au cœur de la capitale britannique.

Dans la rue perpendiculaire se trouve Harrods, le grand magasin des riches Britanniques. En 1985, il l’achète, ainsi que sa maison mère, House of Fraser, pour 615 millions de livres. Rapidement, l’affaire s’envenime. Les autorités britanniques ouvrent une enquête pour connaître l’origine des fonds. Pour contre-attaquer, M. Al-Fayed « achète » les services de deux députés, leur versant d’importantes sommes en liquide dans des enveloppes en échange de questions à poser au Parlement en sa faveur. L’homme d’affaires égyptien finira par révéler lui-même cette pratique, provoquant un gigantesque scandale, qui mènera au changement du code de conduite des députés. « Je crois que certaines personnes n’ont jamais pardonné à un Egyptien d’avoir acheté leur magasin préféré », le défend aujourd’hui Michael Cole, son ancien porte-parole.

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