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Automobile : « Il ne faudra que quelques années à BYD pour devenir le leader mondial de l’industrie »

Wang Chuanfu n’a pas l’extravagance et les blousons serrés d’Elon Musk. Il préfère le profil bas et les costumes cravates siglés du nom de son entreprise : BYD (Build Your Dreams). Il a pourtant battu le patron de Tesla sur son propre terrain, la voiture électrique. Au rythme actuel, il ne lui faudra que quelques années pour devenir le leader mondial de l’industrie automobile. Sur les sept premiers mois de l’année 2023, il a vendu 1,4 million de voitures, toutes électriques, soit un demi-million de plus que Tesla. Il produit déjà davantage de véhicules que BMW ou Mercedes et vient de faire son entrée dans le top 10 mondial.

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Cette ascension est d’autant plus spectaculaire que le groupe est de loin le plus jeune de ce classement. Face aux Renault, Peugeot, Volkswagen, Ford ou Toyota, tous plus qu’octogénaires, BYD ne fabrique des automobiles que depuis 2003. Et la maison mère a été fondée par Wang Chuanfu en 1995 dans l’activité la plus prometteuse de l’époque, les batteries d’appareils électroniques, au cœur de la Silicon Valley chinoise, la ville de Shenzhen. Aujourd’hui, sur les dix modèles de voitures électriques les plus vendus en Chine, sept sont fabriqués par BYD. Et le mouvement s’accélère. Il détient 37 % du marché chinois, soit quatre fois plus que Tesla, son seul rival de taille.

Son secret ? L’intégration verticale et sa science de la batterie. Il possède ses mines de lithium et vend ses composants à tous les constructeurs mondiaux. Cela lui permet de voir ses bénéfices exploser de 200 % en 2023 après 400 % de hausse en 2022, alors qu’il mène avec Tesla une guerre des prix qui est en train de mettre à genoux les quelque 160 concurrents qui se disputent le marché domestique.

Partir à l’international

Cet argent gagné sur les batteries lui permet de partir à l’international, ouvrant des usines dans le monde entier, notamment en Europe. Ce n’est pas du goût des constructeurs du Vieux Continent, car BYD, à la différence de Tesla, est un spécialiste de la voiture populaire, et à petit prix. Une bonne nouvelle pour la pénétration de l’électrique et la lutte contre le changement climatique et une très mauvaise pour les Stellantis, Renault et Volkswagen. La firme emploie déjà 630 000 personnes dans le monde et a déjà embauché 30 000 ingénieurs de plus cette année dont 80 % pour la recherche-développement.

Les années 2000 ont été celle de l’Internet et des télécoms en Chine avec l’émergence de stars comme Huawei, Alibaba ou Tencent. Désormais, le pays compte plus que jamais sur la voiture électrique pour rebondir industriellement. En 2022, selon le Wall Street Journal, 19 000 nouvelles start-up se sont créées dans ce domaine en Chine, cinq fois plus que juste avant le Covid. L’argent étranger afflue, ignorant tous les discours souverainistes à la mode. Cette année, l’empire du Milieu devrait devenir le premier exportateur mondial de voitures au monde, devant le Japon. Wang Chuanfu, bien plus sage que Jack Ma, le fondateur d’Alibaba banni par les autorités, sera à la tête de cette nouvelle conquête. Et, une fois de plus, c’est une entreprise privée qui mène la bataille et non les sociétés d’Etat, pourtant puissantes dans ce secteur et dorlotées par le pouvoir.

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