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Pas à pas, les Etats-Unis accroissent leur aide militaire à Taïwan

Des militaires taïwanais, à Taipei, le 10 octobre 2021.

Pour la première fois, Washington a décidé d’octroyer à Taipei une aide financière exclusivement destinée à l’acquisition d’équipements militaires américains. Annoncée le 30 août, cette aide de 80 millions de dollars (73 millions d’euros), plutôt modeste au regard des dizaines de milliards réclamés depuis longtemps par Taïwan, est néanmoins inédite. Issue du programme Foreign Military Financing (FMF), elle fait partie d’un important mécanisme de soutien, sous forme de prêts ou de subventions, accordé jusqu’ici seulement à des pays souverains. L’Egypte et Israël en sont actuellement les principaux bénéficiaires. La Jordanie, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, le Portugal, le Pakistan, le Yémen ou encore la Grèce ont pu aussi, ponctuellement, en disposer.

Les Etats-Unis ont franchi un autre pas cet été en annonçant, le 28 juillet, le transfert à Taïwan d’armements d’une valeur de 345 millions de dollars (320 millions d’euros) directement prélevés sur les stocks militaires américains. Or ceux-ci étaient essentiellement ponctionnés ces derniers mois pour venir en aide à l’Ukraine. Une démarche, là encore, à forte charge politique, en grande partie destinée à faire taire les critiques selon lesquelles le soutien à Kiev entraverait celui à Taipei.

Le département d’Etat s’est empressé de souligner que son dernier volet d’aide, par le biais du FMF, n’impliquait « aucune reconnaissance de la souveraineté de Taïwan », mais Pékin a immédiatement réagi. Cet accord « nuit à la sécurité et aux avantages du peuple taïwanais », a fustigé, le 31 août, le porte-parole du ministère de la défense chinois, le colonel Wu Qian. En juillet, la Chine avait déjà accusé les Etats-Unis de vouloir transformer Taïwan en « poudrière et en dépôt de munitions ».

Arriéré de commandes militaires non honorées

Dans ce contexte tendu, peu de détails ont filtré sur le transfert d’armements envisagé par Washington. A la différence du soutien militaire à l’Ukraine, qui fait régulièrement l’objet de listes publiques, l’opacité règne sur les équipements promis à Taipei. En juillet, Washington a seulement précisé qu’il s’agissait « de renforcer [sa] capacité de dissuasion, dès à présent et à l’avenir », à travers, notamment, des « capacités antichars et de défense antiaérienne ». Une déclaration interprétée par les experts militaires comme l’envoi probable de missiles Stinger et Javelin, dont Taipei regrettait depuis longtemps qu’ils soient adressés en priorité à Kiev.

Ces aides apparaissent toutefois limitées face à l’arriéré de commandes militaires non honorées passées ces dernières années par Taïwan aux Etats-Unis, évaluées à 19 milliards de dollars. Cet arriéré est lié à un autre mécanisme d’exportation, dit « Financial Military Sales » (FMS), qui permet, lui, d’acheter des équipements de défense américains en échange d’exemptions de taxes. Beaucoup de pays européens y ont recours depuis le début de l’invasion russe en Ukraine pour compenser leurs donations à Kiev. Mais comme le FMS est directement lié aux capacités de production de l’industrie américaine et à l’évolution de ses priorités, il génère souvent des retards.

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