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De Gérald Darmanin à François Ruffin, l’appel du pied aux classes populaires

Le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, lors de sa rentrée politique à Tourcoing (Nord), le 27 août 2023.

A la recherche de l’électorat perdu. A quatre ans de la prochaine élection présidentielle, les ambitions se dévoilent déjà, les appétits s’aiguisent et une cible électorale se détache en cette rentrée politique : les classes populaires. Les voici érigées par le Parti socialiste (PS) en thème central de son université d’été, à Blois. Les voilà au cœur de l’offensive, à Tourcoing (Nord), du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, déterminé à se démarquer dans la course vers l’élection présidentielle de 2027. Le député « insoumis » de la Somme, François Ruffin, qui tente depuis des mois de les reconquérir, a, quant à lui, critiqué avec éclat la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, jugée trop radicale pour « convaincre en Moselle, en Picardie, partout dans le pays ».

« Tout le monde sur l’échiquier politique parle des classes populaires, car elles représentent un âge d’or, une sorte de paradis perdu, analyse Frédéric Dabi, directeur général de l’IFOP. Et, compte tenu de la fracturation du paysage politique en trois blocs [entre Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon], il sera important d’avoir les classes populaires pour gagner en 2027. » Toutefois, rappelle-t-il, « le premier comportement des ouvriers, c’est l’abstention ». Au premier tour de la présidentielle de 2022, un ouvrier sur trois (33 %) a ainsi boudé les urnes, pour 26 % des cadres et 27 % des professions intermédiaires et des employés. « Mais lorsqu’ils votent, c’est bien sûr le Rassemblement national [RN] qui en profite le plus », ajoute le sondeur. Au second tour, Marine Le Pen a largement devancé Emmanuel Macron chez les ouvriers (67 %) et les employés (57 %).

La bascule de l’électorat du Front national (FN) remonte aux années 1980. L’extrême droite devient alors progressivement le premier parti des ouvriers, puis des employés – un constat, encore une fois, à nuancer par l’ampleur de la non-inscription et de l’abstention dans ces catégories socioprofessionnelles. Le RN reste très minoritaire chez les classes populaires des banlieues et des zones urbaines, qui votent invariablement en faveur de la gauche. « Au départ, le vote ouvrier en faveur du FN ne résulte pas d’une stratégie, souligne Jérôme Sainte-Marie, ex-sondeur, désormais prestataire du parti lepéniste. Mais un rapport de dépendance électorale s’est créé. Aujourd’hui, cela fixe l’agenda. »

Dans un second quinquennat Macron toujours marqué par le désamour des classes populaires, Gérald Darmanin joue, lui, à fond la carte « droite sociale » pour faire valoir sa différence. Dans le jardin botanique de Tourcoing, où il réunissait ses soutiens le 27 août, l’ancien maire de la ville, ministre d’Emmanuel Macron depuis 2017, n’a pas lésiné sur les symboles « populaires ». Ses invités se sont vus proposer un menu unique, bière-saucisses-frites – que l’on « mange avec les doigts ». Il les a entraînés – la première ministre, Elisabeth Borne, n’y a pas échappé –, à la « bourloire », où l’on pratique depuis le Moyen Age la « bourle », jeu de précision avec des boules dissymétriques qui se transmet de père en fils. « Gérald a pris la parole, il est même monté sur le comptoir », pouvait témoigner la secrétaire d’Etat chargée de la ville, Sabrina Agresti-Roubache, devant les journalistes. Au-dessus du fameux comptoir, une pancarte précisait « Pas de sous-sous, pas de glouglou », un avertissement qui a égayé l’après-midi des conseillers du président de la République présents à Tourcoing.

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