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Au jeu des « courses de rentrée », « les zones commerciales périphériques semblent imbattables »

S’il y a un moment, du moins pour les parents, qui relève de la corvée, c’est bel et bien celui des courses de rentrée. Quoi de plus fastidieux que de répondre aux desiderata d’un enseignant qui réclame spécifiquement un cahier 24 x 32 centimètres rouge à spirale, alors que votre enfant aurait opté pour un modèle sérigraphié à l’effigie de tel ou tel super-héros ?

Or, les grands temps forts de la consommation nous rappellent que notre pratique marchande est étroitement associée au statut accordé à l’acte d’achat : consommation corvée ou consommation plaisir. Cette distinction, de prime abord anecdotique, est révélatrice de grands défis de notre urbanisme contemporain.

Lutte par le service

Lors des achats corvée, le côté utilitaire l’emporte sur toute autre considération : optimiser le déplacement en matière de facilité et de coût d’accès, aller aux lieux censés afficher les prix les plus bas, privilégier la concentration de l’offre pour limiter le temps passé sur place. A ce jeu, les zones commerciales périphériques de nos agglomérations semblent imbattables : elles vont encore attirer les foules en cette rentrée.

Les commerces de centre-ville essaient de lutter par le service : c’est le petit libraire qui prépare spécifiquement votre liste de fournitures que vous n’avez plus qu’à retirer. Mais, en parallèle, l’espace du centre-ville dispose de désavantages comparatifs, réels ou perçus : prix jugés plus chers, difficultés de stationnement, etc. A service comparable, l’entrée de ville sort donc grande gagnante.

Mais pour l’achat plaisir, la tonalité est complètement différente. Si, depuis vingt ans, les promoteurs ont œuvré pour rendre nos zones commerciales plus qualitatives, c’est parce qu’elles souffraient d’un handicap certain dû à leur image utilitariste. Mais ils auront beau faire le travail le plus fin possible sur les ambiances, l’historicité, la qualité patrimoniale, ce que certains appellent « l’urbanité » des centres historiques n’a généralement pas d’égal.

Et paradoxalement, lorsqu’il s’agit de profiter de l’ambiance de ces espaces centraux, les contraintes d’accessibilité tant décriées lors des achats corvée sont ici largement minimisées ! Avec les mêmes amis, il sera généralement plus apprécié de boire un verre sur une place ombragée d’un centre-ville que dans la galerie d’un hypermarché…

Politiques locaux schizophrènes

Il s’ensuit souvent une posture quelque peu schizophrène de nos politiques locaux, habitués à vouloir satisfaire tout le monde : ils peinent à réfréner leurs désirs d’expansion des périphéries marchandes, tant fréquentées par leurs administrés et jugées nécessaires à l’attractivité de l’agglomération, tout en voulant satisfaire les acteurs de centre-ville et être éligibles à des programmes de revitalisation type Action cœur de ville ou Petites villes de demain.

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