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L’Equateur, pays de transit de la cocaïne, subit la violence des cartels de la drogue

Août 1989. Dans une Colombie qui a déclaré la guerre à Pablo Escobar, le candidat à la présidentielle Luis Carlos Galan, pourfendeur de la mafia, est assassiné. Août 2023, en Equateur, le candidat Fernando Villavicencio est tué en pleine rue, à Quito, à la veille d’élections générales anticipées. « Ce que la Colombie a connu dans les années 1980, l’Equateur le vit aujourd’hui. Notre pays a été livré au narcotrafic et en voit les conséquences », déclarait l’ex-vice-président et candidat à la présidence Otto Sonnenholzner (droite), au lendemain de l’assassinat de M. Villavicencio. L’ancien président Rafael Correa (2007-2017) affirmait, pour sa part, que « l’Equateur est devenu un pays failli ».

Le petit Equateur ne produit pourtant pas de drogue : la cocaïne arrive de Colombie et du Pérou par voie terrestre et repart par voie maritime vers l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie. Territoire de transit depuis quarante ans, le pays est devenu, dollarisation de son économie aidant, un centre de blanchiment. Il fait, à son tour, les frais de l’échec mondial de la guerre contre la drogue.

Longtemps, l’Equateur s’est défini comme un havre de paix dans un voisinage agité.  « Instable, certes, mais pacifique », résume le politiste Mauricio Jaramillo. Au tournant du millénaire, trois présidents élus (Abdala Bucaram en 1997, Jamil Mahuad en 2000 et Lucio Guttiérez en 2005) sont renversés par la rue, sans effusion de sang. Arrivé au pouvoir en 2007, le président socialiste Rafael Correa fait adopter une nouvelle Constitution en 2008 et finance, grâce à une manne pétrolière sans précédent, infrastructures et politique sociale. Le pays retrouve la stabilité et Rafael Correa peut mettre à son crédit l’amélioration des indicateurs du pays. Mais, six ans après son départ, le personnage – charismatique, arrogant et autoritaire – et son bilan, qui reste contesté, continuent de fracturer l’échiquier politique. Un électeur indécis résumait, mi-août : « Sous Correa, la santé, l’éducation, les routes ont progressé. Les atteintes aux libertés, la dette, la corruption, aussi. »

Douloureuse facture sociale

Condamné par une justice que ses partisans décrient, exilé en Belgique, M. Correa reste très présent sur la scène politique. « Sa » candidate, Luisa Gonzalez, est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle, le 20 août, avec 33,5 % des voix. Mais la victoire de Mme Gonzalez au second tour, le 15 octobre, n’est pas assurée. Le jeune entrepreneur Daniel Noboa (23,5 %), fils d’une des plus grosses fortunes du pays, qui joue les outsiders, pourrait, en effet, capter les voix de tous les « anticorreistes ».

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