Close

Le succès des pilules Wegovy contre l’obésité gonfle la croissance du Danemark

L’essor de la consommation d’antidiabétiques aux Etats-Unis fait tanguer la politique monétaire danoise. Ce surprenant « effet papillon » version macroéconomique est le dilemme très concret auquel la Banque nationale du Danemark (DNB) est confrontée depuis plusieurs mois. « L’industrie pharmaceutique, dont les exports ont doublé depuis dix ans, est devenue l’un des principaux moteurs de notre économie, à un point presque vertigineux », commente Helge Pedersen, économiste pour la banque Nordea, à Copenhague. Selon Capital Economics, le secteur contribue au tiers de la croissance depuis 2020.

Cela tient en particulier aux bons résultats du laboratoire danois Novo Nordisk. Les ventes de son traitement anti-obésité, Wegovy, lancé aux Etats-Unis il y a deux ans, ont gonflé de 344 % au premier semestre, et celles de son antidiabétique injectable Ozempic continuent de caracoler. « Nous avons plus de patients que jamais », se vante le PDG, Lars Fruergaard Jorgensen, dans son rapport trimestriel publié en août. Le groupe estime que son chiffre d’affaires, de 176,95 milliards de couronnes danoises (23,7 milliards d’euros) en 2022, devrait grimper de 30 % en 2023. Et sa capitalisation boursière, qui dépasse les 300 milliards d’euros, est presque aussi haute que le produit intérieur brut (PIB) du Danemark, à savoir 380 milliards d’euros en 2022, selon Eurostat.

« Ces bons résultats ont fait décoller l’excédent de la balance courante », explique Andrew Kenningham, spécialiste du pays chez Capital Economics. Cette balance, qui mesure les échanges de biens, services et revenus, a enregistré un surplus de 13 % du PIB en 2022, contre 8,8 % en 2019. Même l’Allemagne n’a jamais fait mieux. « Grâce à cela, la croissance danoise a surpassé celle de ses voisins européens ces derniers mois », ajoute Helge Pedersen. Elle s’est établie à 0,5 % et 0,6 % au dernier trimestre 2022 et au premier trimestre 2023, contre – 0,1 % et 0,2 % pour la moyenne de l’Union européenne (UE).

Décourager un peu les investissements

Au passage, la bonne santé du secteur dope les recettes de l’Etat : en 2022, le royaume de 5,9 millions d’habitants affichait un excédent budgétaire de 3,3 % du PIB, contre un déficit de 3,4 % dans l’UE. Seulement voilà, « le succès de Novo Nordisk, et plus largement du secteur, se traduit par un afflux colossal de devises dans le pays, poussant la valeur de la couronne danoise à la hausse », souligne Palle Sorensen, économiste à la banque Nykredit, à Copenhague. Ce qui complique la tâche de la DNB, dont la mission est de maintenir la couronne danoise arrimée à l’euro.

Il vous reste 33.7% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top