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Déserts médicaux : « Les universités de médecine sont quasi exclusivement installées dans les grandes villes, favorisant un profil d’étudiant »

De vieilles lunes sur une actualité brûlante : c’est ainsi que l’on pourrait résumer la controverse récurrente sur les « déserts médicaux ». Cet été, avec son lot de cabinets et de services d’urgences fermés, on a vu se renforcer encore les difficultés d’accès aux soins, touchant notamment des territoires déjà en pénurie. Loin d’être simplement conjoncturelle et estivale, cette situation ravive des positions souvent trop caricaturales dans le débat sur les déserts médicaux.

D’un côté, des partisans d’une coercition brutale, qui considèrent qu’il suffirait de déplacer des médecins pour régler les problèmes de l’accès aux soins.

De l’autre, des organisations, qui se cantonnent à prôner des mesures incitatives à l’installation, alors que celles-ci sont déjà largement mises en place, et, pour tout dire, peu efficaces. Pourtant, c’est une analyse globale, précise, géographique et politique, qui nous permettra de sortir de cette dualité stérile.

En effet, la problématique des déserts médicaux n’est pas nouvelle dans le débat public : depuis le début des années 2000, les ministères se succèdent, et la situation demeure. De plus en plus de Françaises et de Français n’ont tout simplement plus accès à la médecine, qu’elle soit générale ou d’autres spécialités. Ainsi, 6 millions de nos compatriotes sont actuellement sans médecin traitant.

Une véritable question de société

L’apparition du numerus clausus à la fin des années 1960 sous la pression croisée d’un conservatisme qui craignait un afflux d’étudiants dans la vague soixante-huitarde et d’une idéologie libérale qui considérait que réduire l’offre de soins diminuerait la dépense publique, est bien évidemment un élément central dans nos difficultés. Sa gestion politique à la fin du XXe siècle l’est encore davantage, dans un contexte d’augmentation et d’avancée en âge de la population.

Lire aussi la synthèse : Article réservé à nos abonnés Contre les déserts médicaux, des pistes et des impasses

La problématique des déserts médicaux n’est pas la seule du genre dans le champ des politiques d’aménagement du territoire. Les « déserts » ne sont, en effet, pas seulement sanitaires, mais concernent l’ensemble des activités, qu’elles soient de service public, économiques ou encore culturelles.

Si le géographe Jean-François Gravier (1915-2005), en 1947, évoquait « Paris et le désert français », on pourrait aujourd’hui parler des grandes métropoles et du désert français. L’exode rural ancien et des politiques publiques qui ont sciemment concentré les activités dans les villes et notamment les plus grandes d’entre elles sont aujourd’hui les déterminants principaux d’un problème qui est une véritable question de société.

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