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Sophie Binet met en garde Emmanuel Macron sur la « gravité de la situation dans le pays »

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à Matignon, à Paris, le 12 juillet 2023.

Sous les dorures du palais de l’Elysée, ils ont fait connaissance et mesuré l’étendue de leurs divergences idéologiques. Mardi 29 août, en début de soirée, Emmanuel Macron a reçu, durant un peu plus d’une heure, Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT. Le chef de l’Etat souhaitait s’entretenir avec la syndicaliste, qui a pris ses fonctions à la fin mars. Il a procédé ainsi – ou s’apprête à le faire – avec Patrick Martin, le nouveau président du Medef (élu le 6 juillet), et avec Marylise Léon, désignée à la tête de la CFDT le 21 juin. Une manière d’établir un contact direct avec trois personnalités récemment installées aux commandes des plus grosses organisations de salariés et d’employeurs.

Pour ce tête-à-tête au sommet, Mme Binet est « arrivée avec [s]on ordre du jour », d’après le récit qu’elle livre au Monde. La dirigeante de la CGT affirme avoir tiré parti de l’invitation de M. Macron pour lui transmettre plusieurs messages de portée générale et attirer son attention sur des dossiers spécifiques.

« Je me suis adressée à lui avec gravité, car la situation dans le pays me paraît très inquiétante », confie-t-elle. Après la réforme des retraites, que le président de la République « a fait passer en force » malgré l’opposition d’une « écrasante » majorité de la population, « la défiance à l’égard de l’exécutif est profonde, chez les syndicats et, plus largement, au sein du monde du travail », juge Mme Binet.

A ses yeux, « on peut parler de rupture, avec de possibles conséquences électorales au profit de l’extrême droite ». Elle dit avoir « mis en garde » le chef de l’Etat « sur sa responsabilité historique et sur le fait que son action risquait de contribuer à l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national en 2027 ». « A force de ne pas tenir compte de l’avis des organisations de salariés et de l’opinion, beaucoup de femmes et d’hommes vont considérer qu’il n’y a pas d’autre alternative que Marine Le Pen », argumente-t-elle.

« Désaccord total »

Pour la syndicaliste, il n’existe qu’une seule voie pour « apaiser la colère et tourner la page » du conflit social qui a duré tout au long du premier semestre : la tenue d’un référendum sur les retraites. Une demande formulée également par l’ensemble des partis politiques qui composent la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Mme Binet a fait valoir au locataire de l’Elysée qu’« il ne peut pas avoir raison seul face à tout le monde ». Mais, d’après elle, M. Macron a, sans surprise, balayé l’idée d’une consultation des citoyens, estimant qu’il faut repousser l’âge légal de départ à la retraite, afin, notamment, de garantir l’équilibre du système. « Là-dessus, notre désaccord est total, souligne-t-elle. La CGT a des solutions pour financer la branche vieillesse – dont il ne veut pas entendre parler. »

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