Close

« En finir avec cette situation choquante qui voit le pays le plus riche du monde incapable de soigner l’ensemble de ses citoyens »

Dans une pharmacie de Chicago (Illinois, Etats-Unis), le 29 août 2023.

« Nous voulons qu’aucun senior n’ait plus à choisir entre respecter son ordonnance médicale et remplir son frigo. » La promesse de Kamala Harris, la vice-présidente des Etats-Unis, n’est pas un propos en l’air. Aujourd’hui, près de 9 millions de personnes dans le pays sont contraintes à ce choix. L’enjeu est d’en finir avec cette situation choquante qui voit le pays le plus riche du monde incapable de soigner l’ensemble de ses citoyens.

Le gouvernement américain vient de publier la liste de dix médicaments qui devront faire l’objet d’une négociation entre les laboratoires pharmaceutiques et Medicare, le système d’assurance santé fédéral destiné aux plus de 65 ans.

Les produits concernés ne sont pas des petites pilules, mais des traitements de long terme, très onéreux et très populaires, comme l’anticoagulant Equilis produit par Bristol ou l’antidiabétique Jardiance de Lilly. Tous ensemble, ces médicaments représentent une dépense de près de 50 milliards de dollars (46 milliards d’euros) par an pour Medicare. Son intention est de réduire de moitié la facture et d’utiliser ces économies pour plafonner le reste à charge pour les patients.

Sanctionner les récalcitrants

C’est un aspect méconnu de la fameuse Inflation Reduction Act, la loi promulguée en août 2022 et dont les Européens ont surtout retenu le volet protectionniste d’aide aux voitures électriques « made in USA » ou de subventions aux industries vertes. Le texte comportait un important volet sur le prix des médicaments, qui autorisait Medicare à en négocier le prix. Ce qu’il ne pouvait faire jusqu’à présent. C’est justement l’angle d’attaque choisi par les laboratoires qui tentent de bloquer cette décision en justice. Ils arguent de l’aspect anticonstitutionnel de cette extension des pouvoirs de ce programme qui pourra sanctionner les récalcitrants.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Aux Etats-Unis, le coût ruineux de la santé

L’enjeu est donc essentiel pour l’industrie du médicament aux Etats-Unis et même au-delà. Si les substances de la liste sont pour beaucoup en fin de monopole sur les brevets, certaines sont encore de belles vaches à lait. L’Equilis représente une recette annuelle de plus de 11 milliards de dollars pour Bristol. Au-delà, c’est cet alignement progressif des Etats-Unis sur les systèmes de sécurité sociale en Europe qui fait peur aux industriels. Il remet en cause un modèle économique rodé et efficace. Le prix de la santé aux Etats-Unis est très élevé, tant à l’hôpital que dans les pharmacies. Les dépenses totales approchent des 4 000 milliards de dollars soit près de 18 % du PIB. Bien plus que les 12 % observés en France ou en Allemagne.

Il vous reste 11.29% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top