Close

« Emmanuel Macron a perdu le monopole du macronisme »

Six ans après avoir remporté l’élection présidentielle de 2017, qu’il avait placée sous le signe de la révolution, Emmanuel Macron a perdu le monopole de la doctrine et de l’action. La survie du macronisme dépend certes encore de son initiateur, auquel il reste quatre ans à l’Elysée pour agir et éventuellement surprendre, mais elle ne dépend plus de lui seul. Le sort de ce courant politique encore mal affermi glisse peu à peu des mains du président de la République à celles de ceux qui préparent l’élection présidentielle de 2027.

Nul ne peut dire à ce stade où mènera l’offensive politique menée par Gérald Darmanin, dimanche 27 août à Tourcoing, au nom de la nécessaire prise en considération des classes populaires. Chacun, en revanche, a bien compris que le rendez-vous organisé par le ministre de l’intérieur, aussitôt recadré par la première ministre, Elisabeth Borne, sur ses terres nordistes avait fait sauter un verrou : la succession est ouverte, vive la concurrence ! Dans une quinzaine de jours, Edouard Philippe publiera un livre, Des lieux qui disent (JC Lattès, 250 pages, 21,90 euros), dans lequel il défendra notamment une puissante refondation de l’école. Chaque caillou lancé sur la route de 2027 souligne en creux les manquements de l’actuel mandat.

Mise en garde non voilée

Pourfendeur de la rente et bagarreur dans l’âme, le chef de l’Etat s’ajuste à cette nouvelle donne qu’il n’envisageait pas d’affronter avant les élections européennes de juin 2024. L’interview fleuve qu’il a accordée à l’hebdomadaire Le Point dans son édition du jeudi 24 août tient à la fois de la défense opiniâtre de son bilan, de la volonté affirmée de rester à l’initiative jusqu’aux derniers jours du quinquennat et d’une mise en garde non voilée à destination de ceux qui pointent prématurément le bout de leur nez. « La condition pour que les valeurs que je porte perdurent, c’est que les forces républicaines travaillent ensemble : les sociaux-démocrates, les centristes, les écologistes, la droite libérale et la droite républicaine. Ceux qui ont des ambitions ne doivent pas l’oublier. Il faudra dans quatre ans veiller à cette unité. Et ce sera aussi ma responsabilité. »

Il faut remonter au début des années 1980 et à l’échec de Valéry Giscard d’Estaing pour mesurer ce qui est aujourd’hui en jeu : la pérennisation d’un bloc central susceptible de stabiliser le jeu politique et de contrer la montée des extrêmes. En dépit des nombreuses tentatives de rapprochement entre le centre gauche et le centre droit (se souvenir des discussions entre Jacques Delors et François Bayrou en 1994 ou entre François Hollande et le même François Bayrou en 2012), aucun projet de ce type n’a pu aboutir sous la Ve République.

Il vous reste 54.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top