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Pour sa rentrée politique, Gérald Darmanin dans les pas de Nicolas Sarkozy

Ne cachant plus ses ambitions pour 2027, le ministre de l’Intérieur organise, dimanche, à Tourcoing, sa première rentrée politique. L’occasion pour lui de se démarquer de ses concurrents à droite en jouant les mêmes cartes que son mentor, Nicolas Sarkozy.

Il ne s’en cache plus. En organisant, dimanche 27 août, dans son fief de Tourcoing, sa première rentrée politique, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, entend poser ses premiers jalons en vue de l’élection présidentielle de 2027. « Ce qui m’intéresse, ce n’est plus de regarder ce qu’il s’est passé en 2017 et 2022. Ce qui m’inquiète maintenant, c’est ce qui se passera en 2027 », a-t-il affirmé au cœur de l’été dans les colonnes du Figaro.

Après avoir échoué à convaincre Emmanuel Macron de le nommer à Matignon en remplacement d’Élisabeth Borne, Gérald Darmanin entend affirmer davantage sa ligne politique et sortir de ses attributions directes. Portant sur « les attentes des classes populaires », son « après-midi de réflexion » se veut ainsi en décalage avec les discours habituels de la macronie.

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« Après six ans au gouvernement, je suis heureux de répondre à l’appel de mes amis qui me pressent d’affirmer un peu plus la boussole populaire que je propose », fait-il valoir dans Le Figaro. Puis d’insister avec la même formule : « J’ai été plutôt minoritaire pour l’instant sur l’importance de la question sociale mais j’espère que la boussole populaire que je propose sera un jour totalement entendue par la majorité. »

Alors que les prétendants à droite pour 2027 ne manquent pas – Édouard Philippe, Bruno Le Maire, François Bayrou, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand notamment –, Gérald Darmanin devrait livrer dimanche une démonstration de force. Environ 400 personnes sont attendues à Tourcoing, dont 90 parlementaires et plusieurs ministres.

Adoubé par son mentor

Autre soutien de poids qui sera dans toutes les têtes : Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République a adoubé Gérald Darmanin dans son livre « Le temps des combats » (Fayard), sorti en librairie le 19 août. « Saura-t-il franchir une autre étape, voire l’étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite car il a des qualités évidentes », écrit Nicolas Sarkozy au sujet de son ancien porte-parole, qu’il voit comme « l’un des quadragénaires les plus prometteurs ».

« Outre le fait qu’ils aient tous deux occupé les mêmes fonctions au sein de l’État en étant chacun ministre du Budget puis ministre de l’Intérieur, il y a une filiation logique entre Nicolas Sarkozy et Gérald Darmanin, à la fois sur le plan idéologique et sur leur volonté de vouloir parler aux classes populaires », juge le politologue Olivier Rouquan, chercheur associé au Centre d’études et de recherches de sciences administratives et politiques (Cersa).

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Comme Nicolas Sarkozy avant lui, Gérald Darmanin profite en effet de son passage place Beauvau pour faire de la lutte contre l’insécurité et de la lutte contre l’immigration des thématiques qui lui collent à la peau. Comme son mentor, il se présente comme le défenseur absolu des forces de l’ordre, approuvant les demandes du chef de la police nationale réclamant un statut juridique spécial pour ses hommes ou rejetant toutes les accusations de violences policières. Nicolas Sarkozy promettait en 2005 de « nettoyer au Kärcher » la cité des 4 000 de La Courneuve ou de débarrasser les habitants de la dalle d’Argenteuil « de cette bande de racailles », Gérald Darmanin n’hésite pas, quant à lui, à reprendre à son compte le vocabulaire de l’extrême droite, évoquant en 2020 un « ensauvagement de la société » ou critiquant Marine Le Pen pour sa « mollesse » sur l’islamisme, lors d’un débat télévisé en 2021.

« C’est un choix stratégique qui n’a fonctionné qu’une seule fois jusqu’ici, lorsque Nicolas Sarkozy a été élu en 2007 en positionnant sa campagne très à droite. En 2012, cela n’avait pas fonctionné, mais une élection présidentielle dépend beaucoup du contexte. Or, aujourd’hui, on voit bien qu’il y a une droitisation de l’électorat sur les questions de sécurité, d’ordre, de valeurs et d’immigration qui dépasse, d’ailleurs, les seuls partis de droite », analyse Olivier Rouquan.

Se démarquer du macronisme

Pour reconquérir les classes populaires, Gérald Darmanin entend aussi tenir un discours social. Dans son interview au Figaro, le ministre de l’Intérieur assure avoir une proximité d’analyse avec les élus de gauche François Ruffin (LFI) et Fabien Roussel (PCF), comme pour mieux les opposer à ce qu’il nomme « la gauche bobo-libérale » représentée au gouvernement, évoquant également « des efforts » à demander « au capital, au patronat ». Un quasi-tabou en macronie.

Au passage, Gérald Darmanin, qui rappelle régulièrement que sa mère était femme de ménage et qui, tout comme Nicolas Sarkozy, n’est pas issu de l’ENA, s’en prend à « la technique » et aux « techniciens », à leurs discours « que les Français ne comprennent pas toujours ». Une incapacité à parler-vrai qui, à l’en croire, ouvrirait une voie royale à Marine Le Pen. Une critique qui peut s’adresser tant à la Première ministre Élisabeth Borne qu’à une autre figure du gouvernement, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.

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« Gérald Darmanin mesure bien que la recette du succès relatif du Rassemblement national est fondée sur le thème de l’immigration, mais aussi sur un programme économique social. Pour l’instant, il n’y a pas encore de proposition concrète de sa part, c’est surtout une marque symbolique. Mais contrairement à Nicolas Sarkozy qui venait de Neuilly-sur-Seine, l’implantation politique de Gérald Darmanin – Tourcoing, le Nord, une région favorable au RN – est en adéquation avec son discours », relève le politologue.

La rentrée politique du ministre permettra sans doute d’en savoir davantage. En attendant, Élisabeth Borne a estimé, mercredi 23 août, que « 2027, c’est bien loin », tandis qu’Emmanuel Macron, dans son interview au Point publié le même jour, rappelait à son ministre sa priorité de la rentrée : reprendre en main le projet de loi Immigration. « C’est le ministre qui aura à faire cheminer, entre le Sénat et l’Assemblée, un texte pour avoir des résultats », a prévenu le chef de l’État. Traduction : avant de s’imaginer à l’Élysée, Gérald Darmanin doit d’abord atteindre les objectifs qui lui sont fixés.

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