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Nucléaire : « Le flirt saoudien avec la Chine serait à haute teneur géopolitique »

L’Arabie saoudite se détache chaque jour un peu plus de l’orbite des Etats-Unis, partenaire historique depuis 1945, pour se rapprocher de la Chine. Alors qu’il envisage de rejoindre le club des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en janvier 2024, le royaume wahhabite renforce ses échanges avec la deuxième puissance économique mondiale, et pas seulement dans les hydrocarbures et la pétrochimie. Il étudie une proposition de Pékin, selon le Wall Street Journal : la construction d’une centrale nucléaire, probablement un « Hualong » de troisième génération, dans l’est du pays. Une offre qui entre en concurrence, notamment, avec celles des Américains, des Français, des Russes et des Coréens.

Lire l’analyse (en 2020): Article réservé à nos abonnés En Arabie saoudite, une diversification économique en panne

Objectif de Riyad : éviter de brûler l’or noir dans les centrales et les usines de dessalement, le réserver à l’exportation et financer ainsi Vision 2030, le plan du prince héritier Mohammed Ben Salman (« MBS ») pour développer et diversifier l’économie saoudienne. Il y entre aussi une part de fierté nationale, puisque l’Iran et les Emirats arabes unis exploitent déjà des réacteurs nucléaires. Le choix saoudien serait à haute teneur géopolitique, et « MBS » tarde à lancer son programme, qui prévoyait jusqu’à présent 17 gigawatts de puissance installée, l’équivalent de dix EPR.

Poches profondes

Les négociations piétinent avec les Américains, très vigilants sur les risques de prolifération, même s’ils ont fait une notable exception avec l’Inde, en 2005. Une loi de 1954 conditionne la vente de ces technologies aux pays étrangers à leur promesse de ne pas les détourner à des fins militaires. Déjà confronté à la question iranienne, Washington refuse notamment que l’Arabie saoudite enrichisse son uranium, processus pouvant conduire à la fabrication d’une bombe. Les Chinois sont moins exigeants et discutent en tout cas d’une exploitation de l’uranium de la péninsule Arabique.

L’enjeu est aussi financier. Si Riyad a les poches profondes, le coût de son programme est estimé à 80 milliards de dollars (74 milliards d’euros). Les filières française (EPR 2 d’EDF-Framatome) et américaine (AP1000 de Westinghouse) sont-elles compétitives face à la concurrence asiatique ? A Paris, on n’a pas oublié le cinglant camouflet de 2009, quand Abou Dhabi avait opté pour des réacteurs coréens.

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