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Les canicules sont plus mortelles pour les femmes, et ce n’est pas seulement parce qu’elles vivent plus longtemps

Une femme fait la sieste installée devant un ventilateur, à Montaigu (Vendée), le 21 août 2023.

Dans de nombreux pays, notamment en Europe, les décès en période de canicule sont plus importants chez les femmes que chez les hommes. Un écart que certains chercheurs ont tenté d’expliquer, et qui résulterait non seulement du fait que les femmes vivent plus longtemps, mais aussi de facteurs physiologiques et comportementaux. Lors de la canicule de 2003, en France, le nombre de morts liées à la chaleur chez les plus de 55 ans a été 15 % plus élevé chez les femmes que chez les hommes à âge égal, selon une étude publiée par plusieurs chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2006.

La France est loin d’être une exception. Plusieurs études menées aux Pays-Bas démontrent aussi des écarts de nombre de décès significatifs en période de canicule selon le sexe. Dans une des études les plus complètes menées sur le sujet, publiée en 2021, des chercheurs de l’Université libre d’Amsterdam (Vrije Universiteit) ont identifié plusieurs causes possibles, comme les différences de sudation, de tension cardiovasculaire, de ratio entre surface corporelle et masse, et la plus grande propension des femmes à vivre seules ou à être actives au sein du foyer. Les femmes vivant plus longtemps (jusqu’à 81 ans en Europe, contre 75 ans pour les hommes) et étant donc surreprésentées parmi les personnes âgées vulnérables à la chaleur, les chercheurs ont ajusté leurs résultats pour ne pas surestimer la mortalité féminine.

Première explication avancée par les chercheurs : les femmes transpirent moins et évacuent donc moins la chaleur. « La sudation est une méthode de rafraîchissement particulièrement efficace et en ce sens, les femmes, qui ont une capacité de transpiration et d’évaporation de la sueur moindre, sont désavantagées », observe Hein Daanen, chercheur en physiologie à l’Université libre d’Amsterdam et coauteur de cette étude. « Or, lorsque la température de l’air dépasse la température corporelle [comprise en moyenne entre 36 °C et 37 °C], la seule manière pour le corps de perdre de la chaleur est par transpiration », précise Mike Tipton, chercheur à l’université de Portsmouth et auteur de plusieurs études sur le sujet.

Les différences de taille et de poids

Mais ce n’est pas tout : comme elles régulent davantage leur température corporelle en augmentant les transferts sanguins vers la peau, les femmes sont aussi plus susceptibles de développer des problèmes cardiovasculaires en période de canicule. « Lorsqu’il fait très chaud, il y a une sorte d’effet de détournement, car le sang, qui circule plus vers la peau, ne peut pas aller autant vers les autres parties du corps, telles que, par exemple, le cœur. Comme le cœur reçoit moins de sang, il compense cela en battant plus vite, ce qui fait monter la pression cardiovasculaire, déjà plus élevée chez les femmes que chez les hommes, et augmente les risques associés, à l’image des AVC », explique Hein Daanen.

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