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Star des westerns, le virevoltant sème à tout vent

Un tumbleweed à Victorville, en Californie, en avril 2018.
Retrouvez tous les épisodes de la série « Plantes de génie » ici.

L’attaque, dont la vidéo a été mise en ligne sur YouTube, est impressionnante. Emportées par un vent violent, des hordes en furie déferlent sur la prairie, franchissent une route déserte, font planer une sourde menace. Des chevau-légers ? Non. Une meute de buissons séchés qui virevoltent au sol.

Ils se nomment d’ailleurs « virevoltants », ou tumbleweed (« herbes qui roulent ») aux Etats-Unis. Sous ce nom aérien, ces plantes peuvent causer de vraies nuisances. En 2018, 150 maisons de Victorville, en Californie, ont été assaillies par ces boules épineuses, relate la biologiste Katia Astafieff dans Les plantes font leur cinéma (Dunod, 240 pages, 19,90 euros). Et au Nouvel An 2020, dans l’Etat de Washington, cinq voitures et un semi-remorque ont été ensevelis sous 4,5 mètres de ces broussailles démoniaques.

Ces spectres divagants sont si omniprésents dans les plaines arides de l’Ouest américain qu’ils sont devenus emblématiques des westerns où, tels des fantômes fanés, ils filent à travers ces paysages battus par les vents. Ils ont même inspiré une chanson des années 1930, Tumbling Tumbleweeds, relatant l’errance d’un cow-boy.

Avantage évolutif majeur

Ces vagabonds appartiennent à « une dizaine de familles végétales différentes, note Germinal Rouhan, responsable scientifique de l’herbier du Muséum national d’histoire naturelle, à Paris. Cela témoigne d’un remarquable phénomène de convergence évolutive ». Tous proviennent de plantes dont les parties aériennes, une fois desséchées, se détachent d’un bloc des racines (qui restent en terre) pour tournebouler au gré du vent.

Ce mode de déplacement original – assez rare dans le monde végétal – procure, en milieu aride, un avantage évolutif majeur. Car, au fil de leur périple, ces plantes sèment leurs graines ou leurs spores, assurant à peu de frais leur dispersion. Elles maximisent ainsi l’exploration de l’espace, donc leurs chances de coloniser de nouveaux territoires. Certaines amaranthacées virevoltent de la sorte, comme la « soude roulante » (Salsola tragus), une plante très cinégénique.

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Cette stratégie de dispersion a été sélectionnée, au cours de l’évolution, chez des espèces poussant dans de grands espaces ouverts, sans trop d’obstacles. « Déserts ou semi-déserts, dunes côtières, chaumes cultivés, steppes arides à végétation maigre, champs cultivés et surpâturés » sont leurs terrains de jeu favoris, note le naturaliste Gérard Guillot sur son site Zoom Nature. Il leur faut aussi, bien sûr, des vents assez forts pour briser la plante sèche au ras du sol et la faire rouler.

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