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Le taux de survie après un arrêt cardiaque pourrait être bien meilleur si les gestes de premiers secours étaient connus de tous

Démonstration de massage cardiaque à Bourgoin-Jallieu (Isère) organisée par la Croix-Rouge française, le 18 mai 2019.

Le nombre de morts subites par arrêt cardiaque est « désespérément stable » en France comme dans le monde depuis dix ans. Le constat émane d’Eloi Marijon, chef du service de cardiologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) à Paris. En France, les arrêts du cœur causent environ 40 000 décès par an, selon l’expert. Un nombre issu de l’extrapolation, à l’échelle nationale, des données du registre du Centre d’expertise mort subite de l’HEGP, qui recense en temps réel depuis 2011 tous les arrêts cardiaques extrahospitaliers, à Paris et dans la petite couronne. L’âge moyen est de 68 ans, et ces décès sont deux fois plus fréquents chez les hommes.

A l’échelle européenne, le nombre de morts subites de l’adulte a été estimé à près de 250 000 par an, selon une étude de 2022. Ce qui, extrapolé à l’échelle mondiale, représenterait 4 millions à 5 millions de décès chaque année. Trois fois sur quatre, la mort subite de l’adulte survient lors d’un infarctus du myocarde ou en lien avec une pathologie des artères qui irriguent le cœur. Dans 20 % des cas, des atteintes du muscle cardiaque, héréditaires ou acquises, sont en cause. Les 5 % restants sont liés à des troubles du rythme cardiaque, le plus souvent héréditaires – en particulier chez les plus jeunes. En dehors des causes cardiaques, un nombre minoritaire des décès subits peut résulter d’hémorragies cérébrales ou d’overdoses.

Comment réduire ce fardeau ? Dimanche 27 août, la revue The Lancet publie une série de recommandations pour mieux prévenir ces décès. Une commission de trente experts internationaux, coordonnée par Eloi Marijon, représentant toutes les disciplines concernées – cardiologie, électrophysiologie, médecine d’urgence, réanimation, médecine légale, psychiatrie, génétique, santé publique et éconoie –, a travaillé sur le sujet depuis 2020, à l’initiative de la revue. « Malgré toutes les avancées technologiques et médicales du XXIe siècle, le taux de survie à un arrêt cardiaque extrahospitalier reste inférieur à 10 % dans la plupart des régions du monde », souligne la commission du Lancet, qui juge cette stagnation « inacceptable ». Sur les quatre départements de Paris et de la petite couronne, par exemple, ce taux est passé de 5 % à 6 % en 2011 à 7 % à 8 % en 2021 – un progrès minime.

Pratique des « gestes qui sauvent »

Les taux de survie après un arrêt cardiaque peuvent pourtant être « extrêmement bons, avoisinant les 70 % » dans des circonstances favorables, relève Eloi Marijon. Ce qui fait la différence ? La pratique immédiate des « gestes qui sauvent » : un massage cardiaque ou l’usage d’un défibrillateur grand public. « Après un arrêt cardiaque, toute minute passée sans massage cardiaque diminue de 10 % les chances de survie », rappelle Lionel Lamhaut, urgentiste, codirecteur du SAMU 75 et chef du service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Necker à Paris. Mais, en moyenne, en France, les pompiers mettent treize minutes à arriver sur les lieux d’un arrêt cardiaque. « Par conséquent, si personne ne fait de massage avant l’arrivée des secours, la personne touchée a une chance très réduite de s’en sortir. »

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