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Le canal de Panama frappé par la sécheresse, circulation restreinte pendant un an

L’extrémité du canal de Panama sur la côte Pacifique, le 25 août 2023.

C’est une conséquence inattendue du changement climatique et du phénomène El Niño : l’accès au canal de Panama, voie de passage des navires marchands entre l’Atlantique et le Pacifique, sera réduit pendant un an en raison du manque de pluies.

Depuis le 30 juillet, le nombre de navires autorisés chaque jour est passé de 40 à 32 et leur tirant d’eau, la hauteur de la partie immergée du bateau, a été réduit à 44 pieds (13,4 mètres). « Aujourd’hui, nous prévoyons [de prolonger ces mesures] pour un an, à moins qu’en septembre, octobre et novembre de fortes pluies ne tombent dans le bassin-versant du canal et remplissent les lacs », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Ilya Espino, administratrice adjointe du canal.

Cette annonce doit permettre aux clients du canal de mieux « planifier » leurs passages, a-t-elle ajouté. Les restrictions ont en effet eu une conséquence spectaculaire : des embouteillages de navires, patientant, de part et d’autre du canal, pour pouvoir traverser. Il y en avait 130 jeudi et le total est monté à 160 courant août.

Le temps d’attente a, lui, grimpé en flèche : auparavant de trois à cinq jours, il a atteint dix-neuf jours pour revenir à onze aujourd’hui. « Nous gérons facilement une file d’attente de 90 navires », mais « 130 ou 140, cela nous pose des problèmes et entraîne des retards », reconnaît Mme Espino.

La crise a même poussé le président colombien, Gustavo Petro, à estimer que le canal était fermé, ce que son homologue panaméen a démenti. « Nous avons des restrictions au Panama comme nous en avons déjà eu, mais le canal n’est pas fermé, ce n’est pas vrai », a déclaré mercredi Laurentino Cortizo.

« Consommation exponentielle »

Long de 80 kilomètres, le canal offre un accès direct entre la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique, ce qui permet de contourner le continent sud-américain. Y transite 6 % du commerce maritime mondial et les principaux pays qui l’utilisent sont les Etats-Unis, la Chine et le Japon.

L’eau de pluie est actuellement indispensable pour déplacer les navires dans les écluses (jusqu’à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer), afin qu’ils puissent traverser la chaîne de montagnes continentale de l’isthme. Pour chaque bateau, il est nécessaire de déverser environ 200 millions de litres d’eau douce, que le canal obtient d’un bassin hydrographique formé par les lacs Gatun et Alajuela. Non seulement ce bassin pâtit actuellement du manque de pluies mais il doit continuer à approvisionner en eau potable la moitié des 4,2 millions d’habitants du pays.

« Nous devons trouver des solutions pour pouvoir continuer à être une voie de première importance du commerce international. Si nous ne nous adaptons pas, nous allons mourir », a récemment déclaré l’administrateur du canal, Ricaurte Vasquez. « Pour l’instant, la situation est gérable, mais nous devons montrer à l’industrie que nous prenons des mesures définitives pour résoudre le problème » car « il y a une consommation exponentielle », à la fois des humains et du canal lui-même, « pour lequel deux réservoirs [lacs] ont été construits », explique l’ex-administrateur du canal Jorge Quijano, interrogé par l’AFP.

Pour l’heure, la réduction du tirant d’eau se traduit par une baisse de la capacité de chargement de chaque navire et donc des revenus que le Panama tire des péages. Pour 2024, l’Autorité du canal prévoit que le nombre de tonnes de marchandises transitant par l’isthme sera « inférieur à 500 millions », alors qu’il était de 518 millions en 2022, ce qui représente une baisse de revenus d’environ 200 millions de dollars, sur un chiffre d’affaires qui avait dépassé l’an dernier 3 milliards de dollars. « C’est une situation qui va durer un an, donc je ne pense pas que ça puisse être pire que ce que nous avons connu lors de la pandémie de Covid-19 », a estimé Mme Espino.

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Le Monde avec AFP

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