Close

Quand il y a du sexe, il y a du sang

LES FLUIDES SELON MAÏA

Qu’on se le dise : le sexe est une activité (et un organe) qui mouille. Cet été, Maïa Mazaurette enfile son scaphandre pour nous faire découvrir ces fluides. Cette semaine, on voit rouge et on se baigne dans le sang des érections, des règles ou de l’hymen.

– Etymologie : du latin sanguis, le sang est associé à tout ce qui rend possible la vie – de la conception à la mort en passant par les délices de l’érotisme. Il est donc parfaitement logique que notre langue utilise des expressions voisines pour décrire nos amants ayant « le sang chaud », dont le désir « fouette le sang », et des psychopathes « au sang froid », dont le désir « glace le sang ».

– Erection : comme chacun l’a appris en cours de sciences de la vie et de la Terre (SVT), l’érection est due à un afflux sanguin dans les vaisseaux. Comme chacun ne l’a pas du tout appris en cours de SVT, cet engorgement concerne également le corps des femmes – dont le clitoris, le vagin et la vulve se gonflent de sang sous l’effet du désir. Du prude rougissement des joues à la turgescence des organes génitaux, le message est clair : quand il y a du sexe, il y a du sang. Mais selon qu’on soit un homme ou une femme, les symboliques en sont diamétralement opposées.

– Chez les hommes : le sang va symboliser la virilité. Il y a celui qu’on verse (le sang du guerrier) et celui qui se déverse dans le corps (comme marqueur de vigueur, surtout au niveau du pénis). Jusqu’ici, tout est simple : je bande donc je suis (un mâle, un vrai). Et pourtant, de nouvelles divisions sont récemment apparues au royaume des vestiaires, propres à fracturer l’internationale masculine des érections triomphantes. Aujourd’hui, il faudrait en effet choisir son camp : possédez-vous un pénis de chair ou un pénis de sang ? Le premier est gros au repos (et ne grossit pas beaucoup sous le coup de l’excitation), tandis que le second ne paie pas de mine, mais peut doubler de volume lors de l’érection. A écouter les hommes, la grande majorité disposerait d’un pénis élastique – ou sanguin ! Ce qui explique la proverbiale ampleur de leurs complexes… du moins au repos.

– Chez les femmes : le sang lié à l’excitation est complètement occulté, et disparaît au profit de deux phénomènes traumatiques : les menstruations et la perte de virginité. Dans les deux cas, c’est le tabou qui s’exprime.

Commençons par les menstruations : longtemps, elles ont été liées à des interdits sexuels, dont nous traînons toujours l’héritage aujourd’hui. Si la peur du péché a été remplacée par la peur de flinguer ses draps, ou par une forme de dégoût, le résultat est le même : rien n’empêche les rapports pendant les règles (au contraire : le plaisir peut soulager la douleur) – et pourtant ! Force est pourtant de constater que dans les pratiques, cette période s’apparente souvent à une abstinence partagée que ni l’usage des préservatifs ni l’existence des serviettes absorbantes ne semblent pouvoir ébranler.

Il vous reste 64.44% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

source

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 Comments
scroll to top