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La liberté de circulation des femmes toujours entravée dans le monde arabe

Une femme qatarie, à Doha, le 14 mai 2010.

En juin 2018, les femmes d’Arabie saoudite ont obtenu le droit de conduire, une réforme attribuée au prince héritier Mohammed Ben Salman, devenue emblématique de sa modernisation autoritaire du royaume. Un an plus tard, la loi sur les documents de voyage a supprimé la possibilité pour un Saoudien de faire figurer son épouse ou ses filles célibataires sur son passeport, ouvrant le droit pour toute Saoudienne majeure d’obtenir son propre passeport. Mais la loi sur le statut personnel de mars 2022 continue de demander aux Saoudiennes mariées d’obéir à leurs époux de « manière raisonnable », avec le risque, en cas d’abandon du domicile conjugal, de perdre l’allocation maritale (nafaqa) et la garde de leurs enfants.

Le cas saoudien illustre comment les incontestables avancées en matière de droits des femmes sont loin d’avoir levé toutes les restrictions à leur liberté de circulation dans le monde arabe, ainsi que l’analyse « Piégées », un récent rapport de Human Rights Watch sur la situation en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Le Maghreb plus progressiste

La Tunisie est légitimement apparue comme pionnière de l’émancipation féminine depuis le code du statut personnel de 1956, qui rompait avec le droit islamique, sauf sur la question de l’héritage, une fille continuant de toucher la moitié de la part d’un fils. Mais il faut attendre 1993 pour que les femmes ne soient plus astreintes à « l’obéissance » conjugale, et 2000 pour qu’elles puissent signer un contrat de travail sans l’autorisation de leur mari. Et ce n’est qu’en 2015 qu’une loi autorise l’un ou l’autre des parents à voyager avec leur enfant, un texte adopté deux ans plus tard exigeant une décision de justice pour toute restriction de déplacement.

Au Maroc, le code de la famille de 2004 lève l’obligation d’obéissance conjugale, et la Constitution de 2011 garantit la liberté de mouvement. En Algérie, c’est en 2005 qu’un amendement au code de la famille supprime l’obligation d’obéissance conjugale. Tout citoyen algérien de plus de 19 ans peut librement obtenir un passeport, même si une femme mariée doit alors mentionner le nom de son époux, la réciproque n’existant pas.

La liberté de circulation des femmes est nettement plus contrainte au Moyen-Orient. Certes, comme c’était le cas au Liban, en Syrie et en Libye, elles peuvent obtenir un passeport sans autorisation masculine – depuis 2000 en Egypte, 2005 au Bahreïn, 2007 au Qatar, 2010 à Oman, 2013 en Jordanie, 2014 en Irak et 2017 dans les Emirats arabes unis. Mais la réforme de 2009 au Koweït réserve aux seules Koweïtiennes le libre accès à un passeport, l’époux koweïtien d’une non-Koweïtienne devant autoriser celle-ci à obtenir un passeport, et ce après au moins cinq années de mariage. Et certaines universités d’Etat du Golfe demandent toujours une « garantie » masculine avant d’autoriser les sorties scolaires de leurs étudiantes.

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