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En cet été 2019, Vérargues ne s’appelait déjà plus administrativement Vérargues, mais Entre-Vignes (Hérault). Le petit village de quelque 700 habitants, aux vieilles maisons alignées dans les ruelles, s’était marié civilement, le 1er janvier de la même année, avec son voisin, Saint-Christol, 1 300 âmes, distant d’un peu plus de 2 kilomètres, pour former la première commune nouvelle de l’Hérault. Les deux partageaient la même situation, à mi-distance entre Montpellier et Nîmes, un territoire essentiellement viticole, huit domaines en tout autour de deux fleurons locaux, le muscat de Lunel pour l’un, le languedoc-saint-christol pour l’autre.
Pourtant, le 28 juin 2019, c’est le nom de Vérargues qui est entré dans le livre des records de l’histoire climatique, avec ses 46 °C, la température la plus élevée jamais atteinte en France – lors de la vague de chaleur de cette fin août 2023, le thermomètre n’est pas monté, pour l’instant, jusqu’à cet extrême. La funeste donnée a été relevée par un habitant qui possédait une station météo manuelle homologuée dans son jardin, et qui a averti Météo-France. C’est d’abord Gallargues-le-Montueux, à une dizaine de kilomètres de là, dans le Gard, qui a détenu ce triste record, avec 45,9 °C, avant d’être détrôné pour 0,1 °C de plus par Vérargues.
« Je ne sais pas pourquoi c’est tombé sur ce village, qui n’est pas un épicentre de la chaleur, s’étonne encore Danielle (qui n’a pas souhaité donner son nom), native de Saint-Christol, revenue il y a une trentaine d’années dans sa région pour y couler une retraite tranquille. Certes, l’été, il fait souvent chaud, mais ça reste un joli endroit, avec de beaux paysages. » Ce coup de chaleur d’une intensité exceptionnelle reste gravé dans la mémoire de beaucoup, même si personne n’en parle spontanément. « C’était un vendredi, le dernier jour de travail, je revenais d’un séminaire, se remémore Michel (qui lui aussi a requis l’anonymat), fonctionnaire. Avant le Covid ou après ? hésite-t-il. J’ai un peu oublié car, depuis plusieurs années, il fait de plus en plus chaud. »
Nicole, enseignante à la retraite depuis dix ans, se rappelle en revanche très bien cette envolée du thermomètre. « C’était le jour de la fête de l’école à laquelle devait participer ma petite-fille. J’avais prévu de venir aussi donner un coup de main aux organisateurs. » L’événement est annulé à la dernière minute à cause de la chaleur. « C’était irrespirable, se souvient-elle, la végétation était brûlée, roussie comme après un incendie. »
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